Sonelgaz a investi 140 milliards de dinars en 2007, un volume d'investissements "soutenu qui la place parmi les premiers investisseurs en Algérie", avait indiqué le PDG de l'entreprise, Noureddine Bouterfa, lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan de 2007. “Ces investissements dépassent de 15 milliards de dinars le chiffre d'affaires de l'entreprise en 2007 qui était de 125,85 milliards de dinars”, avait dit M. Bouterfa, précisant que “ces efforts d'investissements ont occasionné "un net recul" du résultat brut de l'entreprise de près de 46% par rapport à 2006 à 10 milliards de dinars. Sonelgaz veut se lancer dans la production d'énergies renouvelables en Algérie avec l'objectif de produire jusqu'à 3 Mégawatts de cette catégorie d'énergie” Cependant, voyons ce qui se fait ailleurs à travers le monde pour comprendre que l'économie de l'énergie est devenue une préoccupation majeure et un nouveau défi pour ce troisième millénaire. Nègawatts contre Mégawatts La meilleure des énergies, c'est celle que l'on ne consomme pas. Les "négawatts" sont préférables aux "mégawatts". Pour parvenir à maintenir la concentration de dioxyde de carbone (CO2) en dessous de la barre des 550 parts par million (380 aujourd'hui), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que deux tiers de l'effort devra provenir de l'efficacité énergétique. McKinsey arrive à des conclusions similaires et estime que “la moitié des besoins énergétiques de la planète pourront être satisfaits par une meilleure utilisation de l'énergie. C'est ambitieux mais pas irréaliste”. Dans un rapport publié cette semaine, l'"American Concil for an Energy-Efficient Economy"* rappelle que, “pour la même quantité de richesse produite par habitant, les Etats-Unis ont réduit de moitié la quantité d'énergie utilisée par rapport à 1970”. Mais, ajoute-t-il “aussitôt, ce meilleur usage de l'énergie a eu tendance à se relâcher avec la baisse prolongée des prix du pétrole”. Elle devrait à nouveau être encouragée considérablement si les pays industrialisés ont l'espoir d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixé en matière climatique. Entre investissements et mauvaises perspectives Le hic, c'est que le système économique est peu incitatif, voire même peu réceptif. L'efficacité énergétique est mal connue, soutenue par aucun grand lobby et, souvent associée sur le plan politique à des sacrifices. L'investissement à consentir pour parvenir à réduire sa consommation n'est accepté que si le retour financier est immédiat ou presque (3 à 4 ans) alors même que l'actif (les bâtiments, usines) s'amortit sur une longue durée. Au niveau des ménages, le constat est (souvent) affligeant, prenons le cas de l'Algérie: rares sont ceux qui connaissent leur facture réelle de chauffage et d'électricité et plus rares encore sont ceux qui sont en mesure d'évaluer le coût réel de leur voiture. Rien de bien étonnant à cela. De toutes les dépenses, celles liées à l'énergie sont, avec l'alimentation, celles qui ont le plus baissé dans les budgets, ces cinquante dernières années. Les mauvaises surprises seront d'autant plus dures à avaler que la flambée des prix du pétrole dissimule une autre vague de hausses, celle des tarifs d'électricité, du gaz. En Algérie, nous subissons en même temps les contrecoups de la crise mondiale au même titre que les Occidentaux. A ces mauvaises perspectives, on peut opposer un scénario optimiste: de substantielles économies d'énergie sont possibles rapidement et sans nous ramener à l'ère des bougies et de la lampe à pétrole. En Algérie les évaluations de certains économistes basées sur des études sommaires et non officielles, donc prudentes, montrent que la consommation d'eau chaude et de chauffage des ménages peut diminuer de 70% dans les bâtiments neufs et assainis; l'énergie pour réfrigérer ou laver de 50%; l'éclairage de 70%. Globalement, la baisse de la consommation potentielle se situe dans une fourchette de 30 à 70% dans tous les secteurs. Un seul chiffre: les immeubles construits dans les années 70 consomment l'équivalent de sept fois plus d'énergie et de gaz par m2 et par année; les meilleurs standards permettent, donc, de diviser par sept cette consommation. Mieux, on sait construire des maisons à énergie positive. Enfin, les normes de la construction ne sont plus aussi statiques; les standards "Minergie" s'imposent, y compris dans la rénovation. Bien sûr, nous sommes encore très loin d'un tel savoir- faire mais les plans énergétiques européens montrent la voie à suivre. Haro sur le gaspillage d'énergie Aux Etats-Unis, les investissements dans l'efficacité énergétique explosent, stimulés par les nouvelles réglementations de certains Etats comme la Californie mais également par les dispositions prises par la coalition de nombreuses grandes villes qui font la chasse au gaspillage énergétique. Les sociétés actives dans les services énergétiques aux entreprises ont vu leur taux de croissance passer d'un taux de croissance annuel moyen de 3% à 22%, selon The Economist. Ces sociétés prennent en charge la consommation de leurs clients et se rémunèrent uniquement sur les économies qu'elles parviennent à opérer.En Californie, les fournisseurs d'énergie voient leur marge bénéficiaire n'augmenter qu'à la seule condition qu'ils soient parvenus à faire baisser la consommation de leurs abonnés! L'Allemagne, encore elle, vient tout juste d'annoncer un plan drastique d'économies d'énergie dans l'habitat et les appareils qui va bien au-delà des intentions initiales de l'Union européenne. Ce grand pays du vieux continent ne s'arrête plus simplement à l'étiquetage mais prend carrément des mesures d'exclusion des appareils ou procédés qui ne correspondent pas aux meilleurs standards de la technologie. En 2009, l'Allemagne aura multiplié par quatre le financement affecté à la modernisation énergétique des bâtiments. Les enjeux ne sont pas anodins: selon les estimations de Bruxelles, améliorer de 20% l'efficacité énergétique réduirait la facture européenne de 100 milliards d'euros par an.L'American Concil for Energy-Efficient Economy évalue le potentiel du marché des économies d'énergie à quelque 700 milliards de dollars. Certains experts commencent d'ailleurs à publier des études qui montrent que la surprise inattendue pourrait bien être le "boom" des économies d'énergie dont les gisements ont été historiquement sous-évalués et trop longtemps sous-exploités en raison de prix qui n'intégraient jusqu'ici pas la rareté des ressources et l'impact sur l'environnement. En Algérie, nous devrions commencer à cogiter en ce sens. Car les grands défis de ce siècle demeurent les secteurs de l'énergie et l'alimentation. Faouzia Belkichi *American Concil for an Energy-Efficient Economy, http://www.aceee.org