Personne ne l'ignore, Nicolas Sarkozy est un homme pressé. Il n'a pas de temps à perdre face aux critiques, moins encore quand il s'agit de rumeurs. Encore une fois, les médias français sont restés sur leur faim, le patron de l'Elysée n'a pas soufflé mot sur sa présumée infidélité envers la première dame de France. Il n'a même pris la peine d'accuser quelques cercles occultes qui seraient derrière ce «bruitage». Ce, à la veille des régionales et au fil desquelles l'UMP ne ferait pas la course en tête, les socialistes ne cessant de se rapprocher des hommes de tête. A Londres, Nicolas Sarkozy a eu autre chose à faire qu'étaler sa vie privée devant un parterre de journalistes. Comme plaider contre le protectionnisme américain dans la gestion de l'appel d'offres pour la fourniture de 179 avions ravitailleurs commandés par le ministère américain de la Défense. De telles méthodes ne sont bonnes ni pour les Etats-Unis ni pour ses partenaires, a dénoncé le président de tous les Français, aux côtés de Gordon Brown. Pour avoir renoncé à participer à cet appel d'offres, le constructeur européen Airbus/Northrop Grumman aura perdu quelque chose comme 35 milliards de dollars. Une fortune même en dehors de l'actuel temps de vaches maigres sur le vieux continent. Surtout quand la fonction publique britannique est touchée par la rigueur salariale ou quand les Européens peinent à s'entendre sur les modalités d'un futur plan de soutien financier à la Grèce. Après les Latinos, l'Europe des Vingt-sept se sentirait-elle «trahie» à son tour par Barack Obama, le généreux prix Nobel de la paix qui a tenu à distribuer l'argent obtenu à Oslo à des œuvres caritatives ? Pour la France, l'affaire des ravitailleurs n'est pas close. Nicolas Sarkozy aimerait tant débattre de ce sujet avec son homologue américain, sans avoir à sortir le train d'atterrissage. Une discussion franche pour mieux comprendre cette attitude protectionniste des Etats-Unis dans un monde qu'ils ont voulu eux-mêmes mondialisé et sans bornes. Mais s'ils venaient à se dire des vérités, les deux hommes devront passer des heures et des heures à causer de choses aussi sérieuses. Nicolas Sarkozy pourrait bien reprocher à Washington sa crainte démesurée à propos de la montée du racisme en Europe. Du fait qu'elle ne concernerait qu'une minorité d'intolérants, poussés aux pires dérapages xénophobes par l'exacerbation de la crise. Quant à tous ses ministres français du gouvernement Fillon et à toutes ses grosses pointures du parti présidentiel, qui sont tombés dans le panneau, ce n'est que par la faute de leurs adversaires socialistes. A l'image de Gérard Longuet, le patron des sénateurs de l'UMP, qui a fini par présenter ses excuses à Malek Boutih, l'ancien président de SOS racisme, pressenti à la tête de la Halde. Cet exemple de «repentir» suffirait-il à Nicolas Sarkozy à convaincre Barack Obama sur l'inutilité d'un débat concernant la percée du racisme en Europe ? Si le président américain a reporté son voyage en Asie de quelques jours, ce n'est pas pour parler d'identité nationale avec Nicolas Sarkozy mais pour sauver sa réforme du système de santé US. A chacun ses préoccupations.