Côté algérien, le silence officiel est toujours de rigueur, y compris après la sortie bulldozer de Sarkozy qui n'a même pas pris de gants diplomatiques pour relayer les soupçons du même général. Doit-on s'en tenir à l'adage selon lequel qui ne dit mot consent ? Ou alors veut-on insinuer par ce mutisme que l'affaire est strictement franco-française ? Un général français, en poste à Alger à l'époque des faits, témoignant que les moines de Tibhirine auraient été tués par des tirs de militaires algériens, puis Nicolas Sarkozy demandant la levée du secret-défense, cela signifie tout simplement qu'Alger ou Paris, peut-être même Alger et Paris d'un commun accord, auraient alors étouffé l'affaire. Côté français, le ministre de la Défense, Hervé Morin, se veut quiet et rassurant : il n'y a “aucune raison de cacher la moindre chose”, a-t-il déclaré mardi à la presse. Il s'agit ici d'Alger sous Zeroual et de Paris sous Chirac, deux hommes qui, on le sait, ne s'appréciaient pas particulièrement. Il est vrai que pour Morin lui-même comme pour l'actuel patron de l'Elysée, il n'y a pas de quoi perdre le sommeil. Cela n'est pas le cas pour les responsables français qui ont eu, sous Chirac, à officier dans le domaine de la diplomatie et de la sécurité. Beaucoup parmi ceux-là, Chirac lui-même en premier, seraient plus ou moins éclaboussés si la levée du secret-défense confirmait le témoignage du général français. Côté algérien, le silence officiel est toujours de rigueur, y compris après la sortie bulldozer de Sarkozy qui n'a même pas pris de gants diplomatiques pour relayer les soupçons du même général. Doit-on s'en tenir à l'adage selon lequel qui ne dit mot consent ? Ou alors veut-on insinuer par ce mutisme que l'affaire est strictement franco-française ? Notons toutefois que la réaction du parti du Premier ministre Ouyahia, qui a crié à la “provocation”, n'est pas faite pour conforter cette dernière hypothèse. Quoi qu'il en soit, les répliques de la presse nationale ne suffiront pas à pallier l'absence d'une réaction officielle d'Alger. Si le silence des autorités sur une question aussi lourde devait encore s'éterniser, cela signifierait que de ce côté-ci de la Méditerranée, on baigne dans la même quiétude que celle qu'on affiche à l'Elysée. Et, comme pour là-bas, ce n'est pas forcément rassurant pour tous. S. C.