Le coup de starter de la 10e édition du festival du cinéma amazigh, désormais fixé à Tizi Ouzou après avoir été itinérant durant près d'une décennie, a été officiellement donné avant-hier soir à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Très attendu par les professionnels du 7e art et des cinéphiles en général, le festival qui se poursuivra jusqu'au 20 du mois en cours, connaît une participation appréciable tant en nombre qu'en qualité. Pour cette première journée, l'agenda était quelque peu chargé puisque les organisateurs se sont déplacés à Tizi Hibel, village natal de l'écrivain Mouloud Féraoun dans la région Béni Douala, où ils se sont recueillis sur sa tombe et planté plusieurs plants de l'arbre symbole, l'olivier. La salle de la maison de la culture qui a abrité la cérémonie d'ouverture s'est avérée trop exiguë pour un aussi important événement artistique et culturel tant plusieurs personnes n'y avaient pas accès. Dans la salle, dont l'entrée est agrémentée d'une exposition de toiles de l'artiste peintre Slimane Ould Mohand, et outre les autorités locales civiles et militaires, de nombreuses figures connues dans le monde du cinéma et du microcosme artistique. En plus des concurrents, citons entre autres la présence des réalisateurs Ahmed Béjaoui, Abdelmalek Bouguermouh, Ali Mouzaoui, Belkacem Hadjadj. Dans le monde artistique, étaient présents d'illustres noms de la chanson kabyle de l'ancienne et de la nouvelle génération à l'instar de Akli Yahiatène, Taleb Rabah, Cheikh Sidi Bémol, Ali Amrane et bien d'autres encore comme le Néo-Zélandais Graeme Allwright et le poète Ben Mohamed. L'animation était assurée par Belaïd Tagrawla qui a déployé tout son savoir- faire en la matière, notamment en chantant en duo avec Graeme Allwright sa célèbre chanson Le temps est loin de nos 20 ans. C'était l'un des moments forts de cette cérémonie qui a été aussi marquée par la chorale Abzim de Sid Ali Bounab qui a remarquablement exécuté dans trois langues, kabyle, français et allemand la 9e symphonie de Beethoven. Ce qui lui a valu une forte ovation. Emu jusqu'à la moelle, Graeme Allwright qui se produira ce jeudi dira : «C'est le plus grand honneur pour moi d'être parmi vous ici dans cette salle où j'ai chanté en 1983». Tour à tour, les organisateurs prendront la parole pour parler de cet événement et de ses objectifs. Le directeur de la culture de wilaya et également directeur de la maison de la culture Mouloud Mammeri, Ould Ali El Hadi dira en substance : « Ce Festival est un événement important dans l'agenda culturel national et que cet événement participe au rayonnement de la culture et du cinéma amazigh» et d'ajouter : «C'est un moment de création et d'épanouissement». Pour sa part, le commissaire du festival, El Hachemi Assad, mettra l'accent sur les aspirations de cet événement qui, a-t-il précisé, «est un acquis et une lueur d'espoir pour les cinéphiles». Ceci avant de rappeler les «conditions difficiles dans lesquelles est né ce festival qui a cassé des tabous et prêché l'amazighité». Il ajoutera que le fait d'ancrer le festival à Tizi Ouzou est un acquis pour le combat identitaire. Quant au wali de Tizi Ouzou, qui a annoncé le lancement et la réception prochaine de plusieurs infrastructures culturelles, il précisera que «le cinéma reprend ses lettres de noblesse et que ce genre d'événement va booster la production cinématographique». Les interventions ont été clôturées par Mme Zahia Yahi, représentante du ministère de la Culture qui, avant d'annoncer officiellement l'ouverture de la compétition, lira le message de la ministre de la Culture Khalida Toumi adressé à l'assistance. «Le département de la culture se fait un devoir d'accompagner les organisateurs par tous les moyens car le cinéma amazigh est une réalité de notre visage culturel». La soirée a été clôturée par la projection du film d'Ali Mouzaoui sur la vie de Mouloud Féraoun. La compétition pour l'olivier d'or a débuté hier avec la projection de trois films documentaires en compétition de 9h30 à 14h, à savoir Le message du mur de Mourad Hamer, Tin Hinan légende touareg de Rabie Ben Mokhtar et 1,2,3 Viva l'Algérie de Karim Ould Oulhadj. Un long métrage (fiction) est programmé à 20h30, Itto Titrit de Mohamed Abazzi.