Le blé dur local est boudé par les transformateurs algériens. Ils ne sont pas satisfaits de sa qualité. La filière de la céréaliculture est dans le pétrin. Pour sortir de cette situation, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, multiplie les des recettes. «La jonction entre l'ensemble des partenaires s'impose pour aller de l'avant dans l'effort tendant à l'autosuffisance alimentaire d'autant plus que la filière céréalière bénéficié du soutien sur les 5 ans à venir.» Trouver l'ébauche de solution au problème «conjoncturel», qualifié en même temps de minicrise et mettre en place un espace adéquat de consultation et négociation ouvert à tous les partenaires agissant dans la filière est l'objectif du ministère. Pour la première fois dans les annales de ce département, les producteurs se réunissent avec les transformateurs et d'autres opérateurs qui sont autant d'acteurs intervenant dans le même secteur. C'est dans ce contexte qu'une rencontre regroupant les opérateurs privés et les représentants des producteurs s'est tenue jeudi dernier au siège du ministère. La plus grande filière du secteur agricole, est face à une situation inédite. Elle passe d'un état d'insuffisance de production à celui de surstock. Un stock de l'ordre de 6 millions de quintaux de blé dur n'a pas trouvé preneurs alors que la multiplication de minoteries est telle que le phénomène inquiète. Un des minotiers est formel: «Ces derniers temps entre un moulin et un autre il y a un moulin!» Cet état des lieux a engendré une crise, selon certains et «des interrogations et des questionnements», selon le ministre. Au regard de cette situation, Rachid Benaïssa a préconisé de réactiver le comité interprofessionnel installé auprès de l'Oaic et de réviser sa composante. On notera que l'ex-directeur général de l'Office national interprofessionnel des céréales et actuel directeur de la Chambre algérienne d'agriculture était présent au même titre que les opérateurs privés représentés par les trois Eriad. Aussi, le ministre a exhorté les présents à procéder à l'installation du noyau dur de ce comité. «Tous les acteurs sans exception doivent se syndiquer pour permettre à cet organisme de jouer pleinement son rôle», a souligné le ministre. «La concertation et les négociations au sein de ce comité devraient être empreintes d'un esprit responsable. Des décisions importantes concernant l'importation, l'exportation et les quotas seront prises par le comité», a insisté le premier responsable du département de l'agriculture. Le nouveau comité devra mettre en synergie les efforts de tous les acteurs de la plus grande filière du secteur agricole, a-t-il ajouté. Le ministre a saisi cette occasion pour appeler les propriétaires de semouleries et autres unités de transformation à «l'utilisation de ces stocks». Ils devraient en première phase «s'exprimer sur l'offre du ministre d'ici la fin mars et ainsi se préparer à la phase de collecte de la compagne prochaine», a-t-il précisé. Le ministre compte sur les transformateurs et les opérateurs privés pour acquérir une quantité de l'ordre d'un million de quintaux de blé. Ce sera le cas si les bonnes intentions des meuniers, signifiées lors de cette rencontre, sont traduites en faits. Par conséquent, il pourra parvenir à écouler 1 million de quintaux d'ici le mois d'août prochain. Les meuniers, les propriétaires de semouleries privées et autres unités de transformation refusent d'ouvrir leurs silos au stock dormant dans les différents coopératives. «Une partie du même stock sera écoulée dans le sillage de la densification des points de vente dans le Grand Sud. L'excédent du stock sera proposé à l'exportation», à condition de préserver le stock stratégique «au-dessous duquel on ne peut pas aller», a explicité le ministre. En guise de réponse aux intervenants, ayant mis en avant la mauvaise qualité du blé, le ministre dira que «le problème de la qualité n'est pas général. Le taux d'extraction de la matière noble du blé dépend du travail du meunier». En outre, un feu vert est donné par le ministre à l'Oaic pour prospecter des marchés extérieurs afin d'exporter ou troquer l'orge. Le blé dur algérien est boudé car, selon les opérateurs privés, «d'une part, la récolte nationale est d'une mauvaise qualité et de l'autre, le système des quotas appliqué par l'Oaic n'est pas pour permettre la production régulière des unités de fabrication».