Nacéra Benseddik, historienne, archéologue et épigraphiste raconte les femmes ou plus précisément les métiers des femmes en Afrique dans la période de l'antiquité. La salle de Diocaise à Hydra a accueilli, le 12 mars dernier, un public nombreux venu écouter Nacéra Benseddik donner une autre version sur la vie et le quotidien des femmes à cette époque-là. Les femmes n'étaient pas seulement des ménagères sachant cuisiner, tisser, laver et s'occuper des bêtes mais elles étaient bien là, présentes et actrices dans tous les domaines. Comme le veut la tradition ou comme l'ont voulu les hommes, la femme ne devait pas apparaître ailleurs car sa place était et devait rester à l'intérieur de sa maison. Heureusement pour l'histoire et pour la vérité, comme l'affirme la conférencière : «Les sources littéraires présentent souvent une image traditionnelle de la femme romaine. La documentation épigraphique, en revanche, révèle l'existence de femmes qui gagnaient leur vie en exerçant un métier rémunéré». A travers les traductions des inscriptions sur la pierre, Nacéra Benseddik nous renvoie vers le lointain passé de ces femmes africaines. Elle relate si bien les faits qu'à maintes reprises on arrive à les percevoir s'activer dans leur métier. Il est tout à fait impressionnant de compter les nombreux métiers exercés par nos ancêtres et le rôle joué dans la société et au sein de la cité. Femmes d'affaires et grammairiennes Les pierres racontent que les femmes étaient nourrices, femmes de chambre, cuisinières, masseuses, aide-coiffeuses, ravaudeuses, bouquetières et fleuristes, musiciennes, chanteuses ou danseuses, mais aussi sages-femmes, médecins, répétitrices et même grammairiennes, commerçantes, femmes d'affaires, exploitantes de grands domaines, prêtresses ou flaminiques (sénatrice). Les exemples cités par Mme Benseddik parlent de personnages telles Volusia Tertullina, la grammatica de Caesarea (Cherchell), Aemilia Pudentilla, riche et autonome propriétaire terrienne de Tripolitaine, Annia Aelia Restituta, Flaminique de Calama (Guelma et qui offrit à sa ville le célèbre théâtre), Messia Castula, la dumuira de Caesarea (magistrate de Cherchell), Monique, la mère de Saint Augustin, interlocutrice active et souriante des débats philosophiques de Cassiciacum ou les veuves, chefs de famille des Tablettes Albertini, nous aident à repérer l'action des femmes dans leurs cités, dans les domaines de l'éducation, de la santé et des arts, dans la vie économique, dans la vie religieuse. «La documentation déchiffrée n'est qu'une infime partie de celles existantes ou ayant existé. Dans la plupart des cas, ce ne sont que des fragments de pierres en l'occurrence des fragments d'histoire qui nous sont dévoilés. Beaucoup reste à entreprendre pour mettre à nu la vérité et révéler l'existence de ces femmes enfuies depuis des lustres.