Pas moins de 924 familles habitant le site Doudou Mokhtar, à Hydra, seront relogées aujourd'hui à Tessala El Merdja, dans la circonspection administrative de Birtouta. C'est ce qu'a annoncé hier un communiqué du cabinet du wali d'Alger, précisant qu'il s'agit d'une deuxième opération d'éradication des bidonvilles et de l'habitat précaire à Alger. Le dispositif prévu pour cette journée mobilisera plus de 3500 ouvriers manutentionnaires, 600 camions et 60 bus, dont les premières dizaines étaient déjà sur place hier. Tout comme, d'aileurs, les services de sécurité, notamment la sûreté et la Gendarmerie nationale. Lors d'une virée, nous avons constaté la mobilisation de bulldozers s'apprêtant à démolir les habitations précaires de ce site en effervescence depuis trois jours. Date où la commune de Ben Aknoun a annoncé aux habitants leur relogement à Tessala El Merdja. «On nous a annoncé cela verbalement, sans qu'aucun papier ne nous ait été transmis», dit-on. L'information a, sur-le-champ, fait le tour du quartier et nous voilà, tous bien parés à quitter ce quartier-, nous a expliqué un père de famille que nous avons abordé au milieu de l'affluence et qui n'a pas caché son bonheur en criant «Tahia el djazaïr». La foule contemplait les gros engins restés immobiles. «Il n'est pas possible de démolir les habitations aujourd'hui, vu l'étroitesse des sentiers», nous a expliqué un chauffeur de bulldozer, enchaînant qu'il faut attendre que toutes les familles, du moins celles habitant du côté où nous nous trouvions, soient évacuées pour le faire. En attendant, une dizaine de camionnettes étaient déjà chargées, s'apprêtant à se diriger vers la circonscription de Bir Mourad Raïs, lieu où doivent se rassembler tous les camions, avant d'aller à Birtouta. C'est ce que nous ont précisé les habitants, excités à l'idée de quitter le bidonville qu'ils occupent depuis une vingtaine d'années. En effet, le quartier existe depuis le début de la décennie noire, c'est-à-dire dans les années 1990. «Je suis parmi les 36 premières familles qui s'y sont installées en 1992», a témoigné un des habitants. Un nombre qui a atteint les 1200 actuellement selon les habitants qui se demandent si les 924 appartements disponibles suffiront pour répondre à la demande. Les habitants redoutent l'insuffisance des logements «Cela ne suffira pas s'il y a des intrus qui n'habitent pas le quartier», nous dit une mère de trois enfants, scandalisée par l'arrivée d'une soixantaine de familles – possédant des logements pour la plupart – qui ont pointé dès la propagation de la nouvelle. Contrairement au gens interrogés jusqu'à présent, notre témoin ne semblait pas très réjouie par le relogement. Pendant qu'elle rassemblait minutieusement les meubles et les affaires de son petit foyer, des larmes coulaient sur ses joues. Elle nous explique qu'elle appréhende le départ depuis qu'on lui a annoncé que les appartements en question contenaient seulement deux pièces. Il aurait été parfait pour elle qu'elle déménage dans un logement de trois chambres, vu que ses enfants sont adultes. Elle se considère, cependant, mieux lotie que la plupart de ses voisins qui ont sept à neuf enfants. «Ce relogement n'arrangerapas les choses à 100%, du moment que des familles composées de 12 à 15 personnes se retrouveront dans une minuscule superficie», estime notre interlocutrice. «Nous serons tout de même plus en sécurité à Birtouta», a-t-elle avoué, confiant qu'elle a été cambriolée à trois reprises.