Alors que le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki continue de contester les résultats des élections législatives, le vainqueur du scrutin, Iyad Allawi, a lancé hier ses négociations pour former une coalition gouvernementale. Proclamant les résultats officiels, la commission électorale a annoncé vendredi soir que le Bloc irakien de M. Allawi avait obtenu 91 sièges au Parlement lors des législatives du 7 mars, contre 89 pour l'Alliance pour l'Etat de droit (AED) de M. Al Maliki, qui a contesté ces chiffres. M. Allawi a indiqué hier que sa liste avait nommé le vice-Premier ministre sortant, le sunnite Rifaa Al Issawi, pour mener les négociations avec les autres partis. «Jusqu'ici, il y avait des discussions. Les négociations commencent maintenant après l'annonce des résultats. Le dialogue se déroule avec les différentes forces politiques sans exception», a-t-il dit. «Nous pensons qu'il doit y avoir un gouvernement fort capable de prendre des décisions qui servent le peuple irakien et permettent à l'Irak d'atteindre la paix et la stabilité et de reprendre sa place dans le monde arabo-islamique et au sein de la communauté internationale», a-t-il encore ajouté. Il a également assuré qu'il entendait ouvrir une «nouvelle page» avec les pays voisins de l'Irak et établir avec eux de «meilleures relations» basées sur «la coopération et la fraternité». Un avis de la Cour suprême, rendu il y a deux jours mais annoncé seulement hier, pourrait toutefois compliquer les projets de M. Allawi. A la demande de M. Al Maliki, la cour a interprété l'article de la Constitution qui stipule que le président de la République confie au «candidat du plus large bloc à l'Assemblée la formation du Conseil des ministres». La Cour suprême a jugé dans son avis que la tâche de former un gouvernement pouvait également être confiée à une alliance de listes qui se sont présentées indépendamment mais qui ensemble totalisent le plus grand nombre de sièges. Si la liste de M. Maliki, qui n'a que deux sièges de retard sur Iyad Allawi, réussit à former une coalition avec d'autres listes, notamment l'alliance de partis chiites religieux (70 sièges) ou l'alliance kurde (43 sièges), elle pourrait être chargée de former le prochain cabinet. L'avis de la Cour suprême pourrait générer une grave crise politique et retarder la formation du cabinet, laquelle devrait prendre plusieurs mois. Pour M. Allawi cependant, la Constitution est claire. «Le bloc qui a remporté le plus (de sièges) est celui chargé de former le gouvernement même s'il n'a gagné que d'une demi-personne (...). Le peuple a choisi le Bloc irakien pour être la base du dialogue avec les autres», a-t-il martelé. M. Maliki a refusé de reconnaître sa défaite, arguant que les résultats n'étaient «pas définitifs».