Visites de mosquées, rencontres avec des chrétiens, séances photo avec des célébrités : l'ex-patron de l'AIEA Mohammed El Baradei, devenu l'opposant le plus en vue d'Egypte, se lance dans une campagne de terrain pour plaider en faveur de réformes politiques. L'ancien diplomate, âgé de 67 ans, veut ainsi entamer dans les prochains jours une tournée en province, en commençant par Mansourah, une grosse localité du delta du Nil représentative de l'Egypte profonde, a indiqué son entourage. Les images d'une récente rencontre avec une dizaine d'acteurs populaires et de cinéastes en vue ont été reprises dans la presse indépendante et d'opposition. «Nous tentons de parvenir à un consensus pour le changement. Nous parlerons à tout le monde, avocats, médecins, étudiants, agriculteurs, vieux, jeunes», déclare George Ishaq, un porte-parole de «l'Assemblée nationale pour le changement», formée par M. El Baradei et une trentaine de figures de l'opposition. L'association réclame des élections libres et sans fraudes ainsi que des amendements à la Constitution, afin de lever les restrictions pesant sur les candidats à la présidentielle. L'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), prix Nobel de la Paix 2005, entend visiblement répondre à ses détracteurs qui l'accusent d'être devenu étranger à son propre pays, plus à l'aise dans les couloirs de l'ONU que dans la rue égyptienne. «Il essaye de faire du lobbying et de mettre une pression politique sur le régime par le biais du soutien populaire», affirme Amr Choubaki, du centre Al-Ahram d'études politiques. M. El Baradei est rentré en février de Vienne où il a habité pendant 12 ans, pour être accueilli en héros par ses partisans à l'aéroport.