Lorsqu'un procureur a, à sa droite, debout au box un jeune détenu poursuivi pour vol d'un portable et qui en est à son premier délit, il garde les yeux rivés sur le pupitre, ne dit aucun mot sauf pour effectuer ses demandes attendues par le tribunal. La présidente était plus rassurée d'entendre le jeune inculpé avouer avoir volé le phone vite restitué aux policiers. C'est pourquoi les débats sont allés vite. Le procès était serein. Le voleur ayant fait preuve de repentir même en se défendant seul, s'appuyant sur la primeur de ce méfait à son âge, allait connaître les faveurs d'un tribunal dont la présidente avait aussi été plus que compréhensive dans son verdict. Reste maintenant l'action des services de sécurité, le désistement de certaines victimes dont une grosse majorité pousse le bouchon à intercéder en faveur de leurs bourreaux, le temps du méfait, et nous voilà désarmés, car la loi est ce qu'elle est. Et ce n'est un secret pour personne que si une loi n'arrange pas la société, il faut la changer. Alors le bricolage dans ces histoires de lois dépassées doit être discuté par les législateurs, seuls habilités à opérer les redressements avant que les élus du peuple n'achèvent l'œuvre. Le jeune détenu pour vol à l'arraché d'un portable avait, outre la victime, un jeune témoin à charge. D'emblée, il n'avait aucune chance de s'en sortir avec une peine légère même s'il avait tenu à préciser à la présidente du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger) qu'il avait restitué l'objet volé, ce qui a produit le désistement de la victime. - «Oui, mais où l'auriez-vous restitué ?» - «Au commissariat de police...», mâchonne l'inculpé qui a vite fait part de ses regrets. Ce qu'ignore le pauvre bougre, c'est qu'à Hussein Dey qui entend des dizaines de voleurs dans cette daïra exposée aux nombreux fléaux, on ne prend jamais la précaution d'être conciliant avec les voleurs. Venant d'un délinquant qui en est à son premier délit, il n'y a pas de quoi pavoiser car ici, dans cette juridiction, les regrets, les demandes de pardon, les présentations d'excuses tardives ne servent à rien. Ajoutez l'an de prison ferme réclamé par Mohamed Kolla, le procureur qui nous a semblé être sensible au fait que le détenu en était à son premier coup moche, et donc avait un peu de faveur de la part du champion de l'opportunité des poursuites qui a en outre apprécié la «franchise» de l'inculpé qui a tout entrepris, debout, la tête basse pour pousser Ayadi, la présidente, d'aller vers l'octroi de larges circonstances atténuantes. Les questions-réponses seront menées tambour battant, l'inculpé ayant définitivement compris qu'il allait revenir aux «quatre ha» pour un bon bout de temps. A l'issue d'une courte mise en examen, Nasseredine M. écopera d'une peine de prison ferme de six mois, histoire de lui faire comprendre que tous les fléaux sont combattus avec une extrême ardeur juste pour que la société connaisse un peu plus de paix, une paix perturbée par les délinquants mais restaurée par l'inlassable activité de nos services de sécurité et... «pansée» par nos vaillants magistrats, les justes et les propres, pas ceux qui...