Le président Lech Kaczynski est mort avec son épouse et plusieurs hauts responsables polonais dans le crash de son avion hier matin près de Smolensk, en Russie. L'appareil, un Tupolev 154, s'est écrasé alors que le pilote tentait pour la quatrième reprise d'atterrir sur l'aéroport de la ville. L'accident qui a pratiquement décapité l'Etat polonais n'a laissé aucun survivant parmi les 130 passagers et membres d'équipage. L'accident s'est produit à 10h50 heure locale (6h50 GMT), à l'extrémité de la ville de Petchorsk, dans la région de Smolensk. En pleine manœuvre d'atterrissage, l'avion, qui évoluait dans un épais brouillard, aurait accroché les cimes des arbres avant de s'écraser et prendre feu dans une forêt proche de la piste d'atterrissage. Sur les images des télévisions russes, certaines parties de cette forêt étaient encore en feu. Une erreur du pilote pourrait être à l'origine de la catastrophe, selon l'agence Ria Novosti qui cite une source dans les forces de l'ordre russes. L'agence Interfax rapporte quant à elle que les autorités russes avaient proposé à l'équipage polonais d'atterrir à Minsk ou à Moscou en raison du brouillard, mais le pilote a décidé d'atterrir près de Smolensk. Il est tombé lors de sa quatrième tentative d'atterrissage, selon Interfax. Un président intérimaire et un deuil de 7 jours Agé de 60 ans, le président polonais était notamment accompagné de son épouse, du chef de l'état-major polonais, du vice-ministre des Affaires étrangères Andrzej Kremer de Pologne, ainsi que du président de la Banque centrale polonaise. Il devait se rendre à Smolensk pour assister aux cérémonies en hommage aux officiers polonais morts lors du massacre de Katyn, en Russie, perpétré il y a 70 ans sur ordre de Staline. A bord de l'appareil, se trouvaient également des familles de ces officiers. C'est Bronislaw Komorowski, le président de la Diète, la chambre basse du Parlement polonais, qui assurera les fonctions de chef de l'Etat conformément à la constitution polonaise. Une réunion d'urgence du Conseil des ministres polonais doit par ailleurs se tenir à Varsovie, a annoncé par ailleurs le porte-parole du gouvernement, Pawel Gras. Un deuil de 7 jours sera observé en Pologne, a annoncé par ailleurs Bronislaw Komorowski, le désormais chef de l'Etat par intérim. Dès l'annonce du sinistre, la communauté internationale a fait montre de sa compassion avec la Pologne. Vive émotion dans le monde Le président russe Dmitri Medvedev et son Premier ministre Vladimir Poutine ont été les premiers à présenter leurs condoléances, rapidement suivis par Nicolas Sarkozy qui a exprimé sa «très grande émotion» et sa «profonde tristesse» à l'annonce de la nouvelle. La chancelière allemande Angela Merkel s'est pour sa part déclarée «profondément consternée» par l'accident. Pour Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarité, c'est «une tragédie inimaginable». «Il y a 70 ans à Katyn, les Soviétiques ont éliminé les élites polonaises. Aujourd'hui, l'élite polonaise y a péri, alors qu'elle se rendait pour rendre hommage aux Polonais tués» en 1940, a déclaré l'ex-président polonais. Le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est déclaré «choqué et affligé par la mort du président polonais Lech Kaczynski et de son épouse Maria. Le président Kaczynski a été l'un des acteurs les plus importants de l'histoire politique moderne de la Pologne», a-t-il observé dans un communiqué. Le président tchèque Vaclav Klaus a déploré pour sa part une «immense perte», soulignant que cet «événement horrible» l'avait «bouleversé, choqué, attristé et personnellement frappé». «J'ai perdu un véritable ami», a-t-il ajouté. Cette mort représente pour l'Italie «un grave deuil qui touche un pays ami et auquel nous participons avec notre cœur», a déclaré le chef du gouvernement italien Sivio Berluconi. Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapateroa assuré de sa solidarité à tout le gouvernement de Pologne et à ses institutions suite à la perte irréparable de Lech Kaczynski. Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjoern Jagland, a fait part de sa «profonde douleur» et a exprimé «toute sa compassion aux familles des victimes». Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a exprimé sa «consternation» après l'accident, affirmant : «C'est une grande catastrophe pour notre pays voisin.» Le Premier ministre bulgare Boïko Borossov a déclaré que la Bulgarie «partage le deuil de la Pologne, pays ami». Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a exprimé ses «profondes condoléances» au peuple polonais après cette «tragédie». Le président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a exprimé ses «condoléances au peuple polonais ainsi qu'aux familles» des victimes. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «choqué» à l'annonce de la nouvelle.