Toilettes collectives, fuites dans le réseau d'assainissement, odeurs nauséabondes, absence d'eau potable et de gaz de ville dans les foyers. C'est en gros le dur quotidien de six familles qui occupent, depuis 1992, les classes de l'école El Taouhidi I, commune de Madania, qui a été évacuée à cause de leur présence. Initialement, le séjour devait durer trois ans (1995). Les familles sont à leur dix-septième année de présence sur les lieux. Six familles qui se connaissent habitent depuis dix-sept ans dans l'annexe de l'école El Taouhidi I (six classes), sise au 38, rue Ahmed Boumazouza, dans la commune d'El Madania. Réclamant leur relogement à plusieurs reprises et depuis leur transfert vers cet établissement scolaire, les six familles ont reçu des autorités locales des promesses qui sont restées sans effets jusqu'à ce jour. Les concernés occupent une ancienne bâtisse dont la construction remonte à l'époque coloniale. Malgré l'indifférence des élus locaux et des responsables de la wilaya déléguée de Sidi M'hamed, ils continuent d'exiger que des logements en dur leur soient octroyés. «Le président de l'APC nous a promis de nous reloger dans les plus brefs délais», affirme au Temps d'Algérie, une résidante de l'annexe depuis 1992. La dernière promesse en date de relogement formulée par les autorités locales remonte à l'année 2002. C'était à l'occasion de la visite du site effectuée par le premier magistrat de la commune de l'époque. Les six familles étaient au point culminant du désespoir devant la non-tenue de cet engagement public. «Hélas ! Nous voilà, toujours, dans le même endroit», se plaint à juste titre notre interlocutrice. L'attachement continu des occupants à un éventuel relogement n'a d'égale que les mauvaises conditions de vie dans lesquelles ils sont tenues. Les conditions de séjour sont en effet déplorables. «Je vis dans une classe étroite avec mes sept enfants», indique Farida. Cette mère de famille a réaménagé l'endroit. Elle a séparé l'ancienne salle de classe en deux pièces. La première est aménagée en «chambre à coucher». Chaque soir, neuf personnes dorment dans cette pièce. Faute de mieux, le couple partage presque le même lit que les sept enfants, dont l'aînée à 17 ans. Farida et son mari n'ont plus droit à l'intimité. La dame se plaint en effet de l'étroitesse des lieux qui les étouffe. «Nous n'arrivons pas à nous déplacer. Nous mangeons et nous dormons tous ici», ajoute-t-elle. La seconde pièce, plus petite, leur sert de «cuisine». Fouillant dans ses souvenirs, cette femme au foyer se rappelle encore des premiers jours qu'elle avait passés dans cette annexe avec les siens. «Avant, nous occupions des baraques ici à El Madania. Nous étions relogés au début des années 1990. L'APC nous a promis à cette occasion de nous recaser après trois ans de séjour dans l'école, mais rien n'a été fait jusqu'à présent», explique Farida. Conséquemment à l'arrivée de ces familles dans l'annexe, il a décidé de transférer les élèves des six classes vers une autre école. Il s'agit de l'établissement El Taouhidi II, qui se trouve dans le quartier de Diar Echams, toujours dans la même commune. Les familles partagent les mêmes toilettes Ce qui a été présenté, au moment des faits, comme une solution provisoire, tend de plus en plus à être un engagement définitif. Les conditions d'une vie ordinaire ne sont pas réunies. Les foyers ne sont pas alimentés en gaz de ville parce que l'opération de transfert a toujours été vue par ses initiateurs comme «provisoire». Par conséquent, les familles utilisent encore les bombonnes de gaz butane. De plus, l'ancienne annexe n'est plus alimentée en eau potable. Le précieux liquide est fourni gracieusement par les voisins. Nous sommes résignés à partager des robinets avec les habitants de l'immeuble d'en face», indique-t-on. Comme dans toutes les écoles, les toilettes sont collectives. Au 38, rue Ahmed Boumazouza, six familles partagent ainsi les mêmes vespasiennes. Le manque d'entretien a rendu leur utilisation dangereuse pour la santé des occupants. Les fuites constatées dans le réseau d'assainissement intérieur dégagent aussi des odeurs nauséabondes, voire écœurantes, ce qui constitue un autre danger pour la bonne santé surtout pour les enfants.