Les 70 familles du bidonville Al Aloui restent méfiantes l Elles disent ne plus supporter de vivre dans la précarité, le dénuement et le danger. Les habitants du bidonville Al Aloui, dans la commune d'El Madania, réclament une échéance précise et officielle pour leur recasement dans des logements décents. Ils déclarent ne pas croire aux éternelles promesses des autorités locales de les reloger « prochainement ». Jeudi dernier, les habitants de ce bidonville, l'un des plus anciens de la wilaya d'Alger, sont sortis dans la rue pour manifester leur colère et demander aux autorités publiques de « ne pas les oublier ». « On devrait être les premiers à être relogés avant les habitants de Diar Echems et ceux de Zaâtcha, hélas, nous voilà relégués en dernière position des priorités de la wilaya d'Alger », se plaint un habitant. Selon lui, l'ultime promesse de relogement formulée par les autorités publiques remonte à l'Aïd El Adha dernier. Certaines familles avaient même fait leurs bagages, « mais pour rien, c'était une fausse promesse », s'indigne notre interlocuteur. D'une désillusion à une autre, les habitants d'Al Aloui craignent d'être sacrifiés une fois de plus. « Nous sommes plus meurtris que les habitants de Diar Echems, de Doudou Mokhtar et autres… », clame un autre habitant. Il affirme que certaines familles occupent ce bidonville depuis plus de 30 ans, alors que d'autres y ont élu refuge depuis pas moins de 10 longues années. Toutes sont originaires de la municipalité d'El Madania. « Ils nous ont recensés à plusieurs reprises, ils nous connaissent, nous ne sommes pas des étrangers », souligne-t-il. Un père de famille, évoquant l'action de protestation organisée à la fin de la semaine passée, dira : « Nous avons revendiqué nos droits d'une manière pacifique et civilisée dans le but de nous faire entendre par les responsables de la wilaya déléguée. » « Nous avons été reçus par le chef de cabinet du wali délégué, mais sans que celui-ci nous informe de la date de notre relogement », précise-t-il. En fait, bien qu'une promesse de relogement dans le cadre du programme des 10 000 logements à distribuer dans les mois à venir leur a été faite, les 70 familles du bidonville Al Aloui restent méfiantes. « Il y a quelques mois, ils nous ont promis de nous reloger à Tixeraïne, avant que ce site ne soit affecté à d'autres personnes », s'indignent-ils. Ils disent ne plus supporter de vivre dans la précarité, le dénuement et le danger. « Pas plus tard qu'avant-hier, deux serpents ont fait leur apparition dans les baraques, ils ont semé la panique parmi les résidants et terrorisé les petits enfants », racontent nos interlocuteurs. Les habitants d'Al Aloui ont exprimé également leur crainte de la menace d'électrocution qui les guette au quotidien. « La quasi totalité des habitants ont recours au piratage d'électricité, faute d'un raccordement légal », affirment-ils. A cela, il faut ajouter l'absence d'un réseau d'assainissement susceptible d'éviter les odeurs nauséabondes et fétides qui ont fini par nuire notamment à la santé des petits enfants, nombreux à souffrir d'allergies et de problèmes respiratoires. Mais, ce qui fait grandement défaut dans ce bidonville, c'est la non-alimentation des taudis en eau potable. « Nous sommes résignés à partager des robinets collectifs, installés par les autorités locales, alors que tous les foyers du voisinage sont approvisionnés H24 », déplorent-ils.