La secrétaire générale du parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a dénoncé hier l'ambivalence du discours officiel opposant notamment les déclarations du ministre de l'Industrie, Hamid Temmar qui invite les anglais à «accaparer les entreprises publiques» et les aveux du ministre des Finances, Karim Djoudi, quant à l'échec de l'accord d'association avec l'Union européenne. Elle évoque dans ce contexte une série de pressions sur l'Algérie. S'exprimant à l'ouverture du Conseil national ordinaire du PT, Louisa Hanoune s'est interrogée sur l'existence de «deux positions diamétralement opposées qui cohabitent au sommet de l'Etat», une ambivalence qui constitue, selon elle, «un obstacle majeur devant la visibilité de la situation économique du pays». Tout en se réjouissant des déclarations de Karim Djoudi, qui considère que les flux des investissements européens sont en deçà des attentes de l'Algérie, annonçant une perte sèche du budget de l'Etat de l'ordre de 2,2 milliards de dollars, Louisa Hanoune n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le ministre de l'Industrie. Selon elle, les technologies nouvelles «anglaises» dont devrait bénéficier l'Algérie ne sont qu'un prétexte invoqué par Temmar pour ouvrir les entreprises publiques aux anglais. «On n'est pas un département d'outre mer (DOM)», s'est-elle indignée, rappelant que le ministre a évoqué l'ouverture au sein de son département ministériel, «d'un bureau UK». «Pourquoi la Grande-Bretagne n'extrade pas Khalifa ?», s'est-elle encore interrogée, considérant ce volet comme un maque de respect à la souveraineté nationale. «Qu'ils (les Anglais) respectent d'abord l'Algérie et on discutera après», tranchera-t-elle. Mme Hanoune déniera également à Temmar le droit de s'intéresser au secteur de l'agriculture et demande une commission d'enquête pour démasquer «ceux qui veulent vendre nos terres». «La crise du capitalisme», estimera-t-elle, a des retombées sur l'Algérie qui a enregistré une baisse des IDE ainsi qu'une «convoitise étrangère qui s'exacerbe sur nos réserves à l'étranger et sur tous les grands marchés dont le seul but et le transfert des devises». Elle dénoncera, dans ce registre, les pressions sur l'Algérie dont «la LFC 2009 est une garantie contre le transfert illicite de devises». Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) qui s'est élevé contre les mesures contenues dans cette loi (Credoc), est coupable, selon elle, d'intelligence avec les étrangers. «Que les patrons donnent le bilan des crédits qu'ils ont pris, des postes d'emploi qu'ils ont créés», a-t-elle pesté, affirmant que le FCE, «ami du Medef», a refusé les décisions de la tripartite quant aux augmentations de salaires. «Ça fait partie des pressions sur l'Algérie», précisera Mme Hanoune. Par ailleurs, elle saluera la position de l'Algérie lors du sommet sur le nucléaire et celle sur la situation au Sahel qu'elle qualifie d'appréciable, non sans évoquer les pressions US et la nécessité de faire valoir la «réciprocité», considérant que l'Algérie figure toujours sur «la liste noire des pays à risques». «Notre Islam est celui des lumières» Evoquant la polémique sur la peine de mort ainsi que les documents biométriques, Louisa Hanoune a fustigé les partis islamistes qu'elle qualifie de talibans dans la mesure où ils nous imposent, selon elle, des pratiques étrangères à notre pays. «Notre Islam est celui des lumières», a-t-elle considéré, tout en saluant la position du ministère des wakfs sur cette dernière question. Elle évoquera, en outre, la nécessité d'ouvrir le champ audiovisuel (médias lourds), car l'absence de liberté et de débat précarise la position de l'Etat. Dans ce même registre, elle dénonce l'attitude du ministre de l'éducation qui a procédé à des ponctions sur les salaires des enseignants, ainsi que les déclarations de Saïd Barkat qui «veut faire la guerre aux médecins». «Qu'il fasse la guerre contre la maffia du médicament et contre le manque de vaccins dans les hôpitaux», tonnera Hanoune qui demande, par ailleurs, une commission d'enquête sur les agressions dont sont victimes des femmes travaillant à hassi Messaoud.