La Coupe du monde de football, c'est dans quelques semaines. Tous les Algériens sont focalisés sur l'évènement et attendent de leur équipe nationale qu'elle aille le plus loin possible dans la compétition. Au moment dit, lorsque l'évènement débutera, il n'y en aura que pour lui. Il retiendra l'attention et sera commenté à la une de tous les journaux. Cependant, peut-on, pour autant, omettre l'après-Coupe du monde ? C'est qu'il faudra bien revenir à la triste réalité du football algérien, à son médiocre championnat de l'élite, à ses joueurs qui n'ont pas eu la formation adéquate… Parce qu'elle est là la réalité toute amère. Notre équipe nationale, malgré tous les exploits qu'elle réussit, ne doit pas cacher le constat que tout reste à faire dans la discipline. La preuve, nous disposons d'une équipe nationale majoritairement composée, pour ne pas dire entièrement composée de joueurs issus de notre émigration, donc des joueurs qui ne doivent rien au système de formation du football algérien. Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, et l'entraîneur national, Rabah Saâdane, ont bien mis l'accent sur cet après-Coupe du monde, lors de la conférence de presse qu'ils ont animée conjointement le 2 mars. Raouraoua, surtout, qui avait invité les journalistes à voir plus loin, à songer ce que sera le football lorsque les lampions de la fête qui aura lieu en Afrique du Sud s'éteindront. La Fédération algérienne de football a élaboré pour cela une évaluation financière du programme d'action de l'année 2010, une évaluation qui fait ressortir qu'elle a besoin d'un enveloppe de 1 961 240 525,71 dinars, soit plus de 190 milliards de centimes, en 2010 pour pouvoir mener à bien son travail. Elle explique que ce budget a été évalué en fonction de certains axes directeurs relatifs entre autres à l'échéancier des différentes équipes nationales, la mise en place en place des structures et au renforcement des actions de soutien dans le domaine technique par l'appel à un personnel technique qualifié au niveau des staffs des équipes nationales, le soutien aux structures de démembrement de la FAF (ligues, DTR, DTW), la proposition et le développement du football en assurant un concours financier conséquent pour la création des jeunes catégories (création de huit catégories envisagée) au niveau des clubs de l'élite ainsi que pour le fonctionnement des diverses académies. Selon le tableau établi, la répartition des plus de 190 milliards de centimes, nécessaires à l'application du programme d'action de la FAF pour l'année 2010, se traduit ainsi : - Programme DTN et staffs techniques des équipes nationales : 242 220 000 dinars - Programme des équipes nationales : 1 038 826 201,90 dinars - Concours financiers pour la création des jeunes catégories dans les clubs de l'élite : 248 314 000,00 dinars - Promotion du football : 42 750 400,00 dinars - Subventions aux ligues : 186 400 000 dinars - Primes de résultats : 94 050 000 dinars - Budget FAF : 108 679 923,81 dinars Plus utiles que les ambassades Il ne s'agit là que du programme d'action de 2010. La FAF s'est, également, projeté sur 2011, année où il faudra encore et toujours songer à la prise en charge des équipes nationales. Selon son estimation, elle aura besoin d'une enveloppe financière de 2 156 504 578,19 dinars, soit plus de 215 milliards de centimes pour mettre en application son programme d'action de cette année là. On se dit que c'est élevé mais il faudrait savoir que le coût de la vie ne cesse d'augmenter et que la moindre petite prise en charge d'une sélection revienne extrêmement cher. On retiendra tout de même que dans le projet de budget de 2010, la somme prévue pour les ligues semble assez réduite du fait que nous avons affaire là à la base du football algérien, celle sans laquelle toute idée de développement serait vaine. C'est la DTN qui nécessitera le plus d'argent pour fonctionner. Ainsi le futur DTN, que la FAF se propose de recruter, touchera 55.000.000 de dinars annuellement, soit plus de 5 milliards de centimes alors que le salaire annuel du DTN adjoint s'élèvera à 22 000 000 de dinars et le salaire annuel des chefs de département sera, lui aussi, de l'ordre de 22 000 000 de dinars. Il faut croire en cela que le futur DTN pourrait être un étranger car il n'y a que des techniciens étrangers d'Europe ou du Brésil (certains seulement) qui peuvent prétendre toucher un tel salaire (pour exemple la Côte d'Ivoire vient d'engager le Suédois Ericksson pour entraîner son équipe nationale durant le Mondial pour un salaire de 300 000 euros mensuellement). Pour ce qui est des staffs techniques des équipes nationales, c'est bien sur la paie de celui de l'équipe A qui nécessitera le plus d'argent, avec la somme de 34 100 000 dinars. Viennent ensuite, les staffs techniques des U18, des U19 et des U20 qui mobiliseront, chacun, 10 560 000 dinars annuellement. Le staff technique de l'équipe olympique et de l'équipe nationale A' percevra, quant à lui, 960 000 dinars annuellement. Il y a également les DTR (direction technique régionale) pour lesquelles un budget de 51 480 000 dinars sera dégagé pour l'organisation des festivals régionaux, la préparation des sélections régionales des U13, U15 et des U17, la participation aux tournois inter-régions et la formation (9 séminaires régionaux des entraîneurs). Ajoutons qu'une enveloppe de 42 750 400 dinars est prévue pour le football féminin, le futsal et le beach-soccer. Et puis la FAF envisage d'aider à la création d'équipes de jeunes catégories, à savoir 8 catégories par club de D1, de D2 et d'interrégions, des U20 aux U13 en leur promettant une somme de 122 760 000 dinars, de promouvoir les jeunes talents moyennant une enveloppe de 46 200 000 dinars alors que la prise en charge des trois académies et le coût du transport local et international reviendront à 79 354 000 dinars. Tous ces chiffres supposent que le football algérien revient cher au pays. En fait tout est relatif. Il est préférable d'avoir une équipe de sportifs qui brille à l'échelle internationale et qui hisse très haut l'emblème national que des ambassades qui, souvent, coûtent les yeux de la tête et ne sont d'aucune utilité pour le pays. Si on veut que le football sorte la tête de l'eau et ait une équipe nationale performante pérenne, il faut savoir mettre la main à la poche bien que sur cette énorme somme, il faut comprendre que la FAF cherche des financements extérieurs à l'Etat grâce à l'apport de ses sponsors.