Cet évènement sportif est avant tout une affaire de gros sous. Au terme de bientôt deux semaines de compétition, la Coupe du monde de football peut commencer à faire ses comptes. Et des comptes sur de gros sous car l´événement suscite un tel engouement et une telle passion qu'il ne peut que remplir les caisses de celui qui l´organise. En tout cas les Allemands ont de quoi se frotter les mains pour avoir accepté d´accueillir cette compétition. Il est peut-être vrai que leur pays a consenti un énorme budget pour l'organiser mais, dans l'affaire, il recolte des dividendes des plus appréciables. Les premières gagnantes sont les douze villes choisies pour accueillir les matches de ce Mondial. Pour chacune d´elles on a dû faire un effort financier pour restaurer les stades existants. Trois de ces sites ont bénéficié de la construction d´un nouveau stade, à savoir Gelsenkirchen, Leipzig et Munich. C´est dans ces deux derniers stades que l'investissement a été le plus lourd: 192 millions d´Euros pour le premier et 340 millions d´Euros pour le majestueux Allianz Arena de Munich. Pour le second, celui de Leipzig, on a dégagé une enveloppe de 116 millions d´Euros soit moins que pour la restauration du stade de Francfort (188 millions d'euros) ou celle du stade de Berlin (242 millions d´Euros). On peut croire que c´est trop mais, au final, on comprendra que c´est toute l´Allemagne et ses sportifs qui récolteront les fruits de ces magnifiques installations sportives. Par ailleurs, il y a un aspect économique à ne pas négliger. La Coupe du monde c´est la certitude d´avoir des stades pleins et, jusqu'à présent, les Allemands n´ont pas à se plaindre: plus un seul billet ne peut être trouvé sur le marché normal, tout a été écoulé avant le début de la compétition. Les spectateurs se recrutent, bien sûr, dans la population locale mais aussi dans ces grosses délégations de supporters des 31 autres nations qualifiées pour l´évènement. Il n´y a qu´à l´occasion de la Coupe du monde qu´on rencontre autant de gens venant d´autres pays. Cette déferlante humaine se répercute d'une manière positive sur les recettes de l'industrie hôtelière locale et celle de la restauration. Cela sans compter tous les autres commerces qui, en cette occasion, réalisent des chiffres d´affaires faramineux. Et puis il y a l´impact financier que peut générer la réussite sportive de la Manschaft, l´équipe nationale allemande. Celle-ci est qualifiée pour les 8e de finale de la compétition et à chacun de ses matches, c´est tout le peuple allemand qui se mobilise. Toute victoire de cette sélection redonne confiance aux gens, les amène à plus consommer avec un effet considérable sur la croissance économique. Il n´est cependant pas dit que l'équipe allemande ira au bout de son rêve et de ses milliers de supporters. Un échec de sa part pourrait voir cet élan généreux se briser sur le socle de la déception. De son côté, la «patronne» de l´évènement, la Fifa, n´a vraiment pas de quoi se plaindre. Depuis la venue de Joao Havelange à sa tête en 1974 et de Sepp Blatter au secrétariat général, cette institution a fait du marketing sportif son principal cheval de bataille. Aujourd´hui la Fifa pèse lourd. Il se dit que son budget dépasse de loin celui de nombreux pays dans le monde. La vente des droits de télévision de l'évènement lui rapporte déjà un énorme pactole. La vente des produits dérivés n'est pas en reste. Il y a là un marché estimé à plusieurs centaines de millions d'euros. Et cette manne est rigoureusement surveillée. Pour lutter contre la contrefaçon, tous ces produits sont estampillés du label de la Fifa. Il y a, enfin, les sponsors-Fifa de l'évènement qui sont les mêmes depuis de nombreuses années. Ces sponsors-là qui mettent dans la balance des millions d'euros et de dollars exigent l'exclusivité de leurs produits dans tous les endroits concernés par la Coupe du monde. Ainsi, un célèbre équipementier allemand aux trois bandes est le fournisseur du ballon officiel de la Coupe du monde. Ce dernier est vendu au prix de 110 euros l'unité. Vous pouvez également trouver des répliques estampillées de la même marque, la première à 25 euros l´un, l´autre, plus petit, qui se vend comme des petits pains à 10 Euros l´un. Il y a aussi les inévitables maillots des équipes en lice vendus à 65 euros l'unité. Les plus demandés sur le marché sont celui de l´Allemagne et celui du Brésil. D´autres sponsors sont carrément venus marcher sur les plates-bandes allemandes. Ainsi, le marché de la bière a été remporté par un brasseur américain pour plus de 300 millions d'euros. Dans les stades il n'y a que son produit qui est vendu ce qui peut paraître incompréhensible. Il s'agit, tout de même, d´une boisson alcoolisée et l´on croyait que la Fifa, après avoir combattu le tabagisme, n´accepterait pas de faire de la promotion à un breuvage dont on sait que son abus nuit à la santé. On ajoutera que le transporteur officiel, une firme sud-coréenne, utilise pour les déplacements des équipes des bus d´une célèbre marque locale réputée dans la production de voitures de luxe. Tous ces sponsors bénéficient dans chaque stade de loges VIP pour leurs invités ainsi que d´un service de restauration de haute qualité. En somme, cette Coupe du monde est une affaire de gros sous dans laquelle tout le monde retrouve son compte. Jusqu´aux pays non qualifiés qui bénéficient avec les bénéfices engrangés de l´aide de la Fifa dans le cadre des projets Goal. Et comme on sait que l'équipe qui est éliminée dès le 1er tour recevra la somme de 4 millions d'euros, on se dit que le football algérien absent de la fête a perdu l'occasion de renflouer ses caisses.