La 16e conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié (GNL16) aurait coûté un montant équivalent à un milliard de dollars au minimum, selon différentes sources concordantes, pour ressortir avec une seule décision officielle dont la concrétisation dépendra de la volonté de chaque pays membre du Forum des pays exportateurs de gaz (FOPEG). Il s'agit, en fait, du consensus des pays membres du forum sur l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole et la mise en place d'un groupe de travail constitué des pays membres du Forum et du Secrétariat général à l'effet d'élaborer la stratégie du FOPEG pour les 5 prochaines années. Désormais, le FOPEG, qui s'est réuni le 19 avril dernier sous la présidence algérienne au Centre des Conventions d'Oran (CCO), compte 14 pays membres, dont 8 ont été représentés par les ministres de l'Algérie, la Russie, le Qatar, l'Iran, l'Egypte, le Venezuela, l'Angola et le Yémen, représentant 70% des réserves mondiales de gaz, selon un communiqué du ministère de l'Energie et des Mines. Compte tenu de cette part du marché qu'il occupe, le FOPEG va tenter «d'œuvrer pour assurer une parité adéquate entre le prix du gaz et celui du pétrole». Toutefois, le GNL16 aurait pu capoter n'était la 10e réunion du FOPEG qui a attiré la presse étrangère, diront certains cadres supérieurs des entreprises publiques relevant du secteur de l'Energie, dont les plus déçus sont ceux du Groupe Sonatrach qui ont travaillé d'arrache- pied pour la réussite de l'évènement dans sa totalité. Pris de court, les organisateurs algériens ont été écartés d'une manière sournoise par le bureau britannique chargé de l'organisation, sous l'égide de la firme International Trade and Exhibition (ITE), dont le contrat signé avec Air Algérie portait sur le transport aérien des délégués participant à cette manifestation. Mais sur place, le premier jour, la presse nationale avait des difficultés à retirer ses badges et a fait les frais d'une discrimination flagrante de la part des organisateurs, n'était l'intervention des services de communication de Sonatrach. La presse nationale, qui s'est déplacée en masse, était étrangère dans son propre pays. Il est vrai que l'évènement est international mais il a été abrité par l'Algérie qui a été poliment écartée de l'organisation. Halte au spectre du scandale de Sonatrach Les cadres du Groupe ont déploré que le scandale de Sonatrach les poursuive comme une ombre alors qu'ils n'en sont pas responsables. Leur seul désir, confie-t-on, est «de tourner la page pour regarder vers l'avenir car Sonatrach, c'est l'Algérie». Il en est de même pour certains cadres des autres entreprises et filiales du secteur, et les interrogés éprouvaient les mêmes sentiments. Pour eux, «les cadres de Sonatrach n'ont pas à subir les foudres de ce scandale» et craignent que «toute l'Algérie en subisse les conséquences, notamment dans sa crédibilité». D'autres étaient plus optimistes, et veulent aller de l'avant. «Le GNL16 aura révélé des réalités et les limites d'une gestion aléatoire des affaires publiques qui privilégient les intérêts individuels par rapport aux intérêts collectifs», ont répété sans cesse nos interlocuteurs. Sur le sujet, les participants étrangers se sont gardés de tout commentaire. Le secret autour de l'étude algérienne sur le marché gazier mondial L'étude préparée par l'Algérie n'a pas été rendue publique. Selon une source du ministère de l'Energie, «l'étude sur le marché gazier mondial a été présentée lors de la réunion du FOPEG, pour permettre entre autres aux pays membres de prendre leur décision». Cette étude a été annoncée comme étant un bilan exhaustif de la situation du marché mondial du gaz. Elle a été évoquée à plusieurs reprises par le ministère et les dirigeants de Sonatrach mais aucune référence à cette étude n'a été faite ni à l'issue de la 10e réunion du FOPEG ni lors des travaux du GNL16. Elle aurait mobilisé des fonds et des personnes pour demeurer dans le secret et la confidentialité totale. Un groupe de travail va plancher sur une nouvelle stratégie du FOPEG durant les cinq prochaines années. Cette étude sera un des éléments qui lui permettra d'élaborer sa nouvelle stratégie. Toutefois, comment peut-on faire la différence entre l'ancienne et la nouvelle stratégie sans connaissance de cette étude qui a réussi à obtenir le consensus des pays membres du forum sorti avec la «déclaration d'Oran», pour la première fois de son histoire depuis 2001. Le satisfecit des responsables algériens En dépit de la paralysie du trafic aérien suite au volcan en Islande, le GNL16 a enregistré la présence de 2800 participants provenant de 59 pays, selon le ministère et le Pdg par intérim de Sonatrach, Abdelhafid Feghouli. L'exhibition, organisée en marge de l'évènement, aura attiré 674 exposants, dont 410 étrangers. Parmi les exposants, il a été enregistré la participation de 161 compagnies, dont 140 compagnies étrangères comme Exxon Mobil, Chevron, Eon, BP, BG Group, ENI, EDF, Total, Chiyoda (Japon), Petrobras (Brésil), Qatar Gas, Gazprom (Russie), Statoil (Norvège), ainsi que les entreprises algériennes (Sonatrach, Sonelgaz, Hyproc et d'autres du secteur. Le nombre de visiteurs de l'exposition a atteint plus de 1000 personnes, selon le communiqué. Plus de 300 journalistes, dont une soixantaine représentant des médias étrangers, ont couvert essentiellement la réunion du FOPEG. Cette conférence a constitué une opportunité pour les participants de débattre, entre- autres, de thèmes comme l'évolution du marché GNL dans le contexte de crise économique, les derniers développements technologiques de l'industrie gazière, les ressources non conventionnelles, les projets de GNL, les techniques de commercialisation du GNL, les aspects liés aux investissements, la sécurité et l'environnement. En marge de cette conférence, des visites touristiques et techniques ont été organisées aux sites historiques de Santa Cruz et au mausolée de Sidi El Houari ainsi qu'aux complexes de GNL situés dans la zone industrielle d'Arzew. Le Palais des Expositions d'Oran a également abrité une exposition sur l'artisanat et le Sahara. «Les oranais seront les seuls à ne pas profiter de cet évènement et de ces réalisations», ont avancé des citoyens oranais excédés. Il est à rappeler que le GNL15 a eu lieu à Barcelone (Espagne) et que le prochain GNL 17 aura lieu à Houston au Texas (Etats-Unis) en 2013.