La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoun, était hier à Tizi Ouzou où elle a animé une conférence à la maison de la culture Mouloud Mammeri, dans le cadre de la célébration du 30e anniversaire du printemps berbère. Egale à elle-même, la SG du PT, devant une assistance nombreuse, a fait un discours fleuve, tantôt empreint d'une certaine virulence et tantôt conciliant, dans lequel elle est revenue et a passé en revue tous les aspects de l'actualité nationale. Cette occasion été saisie par Louisa Hanoun afin d'«exiger la tenue d'élections législatives anticipées». La conférencière, qui a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le pays est dans une période charnière de son histoire, a estimé, en usant de termes au vitriol, que l'actuelle assemblée, qui s'apparente à une boîte de résonance, est «le produit de la crise et de la décomposition», avant d'exiger la mise en place d'une assemblée constituante qui saura être à l'écoute des aspirations populaires. Comme elle a ajouté que son parti mène une campagne pour collecter 3 millions de signatures pour exiger des élections démocratiques. Cette exigence est conditionnée à la mise en place d'un autre conseil constitutionnel souverain qui aura, à son tour, à asseoir la souveraineté populaire. Il aura aussi pour charge, a-t-elle précisé, de mettre en place une nouvelle constitution qui doit intégrer toutes les nouvelles donnes, comme l'officialisation de tamazight, devenue inéluctable, l'égalité, une distribution juste (et non pas équitable, car le concept est vague) des richesses nationales. Le système n'a pas été en reste dans son réquisitoire. Elle a estimé à ce propos qu'il a «tout exclu tout en nous conduisant dans la spirale actuelle», tout en précisant au passage qu'il est «responsable de la tragédie nationale». Au sujet de tamazight, Mme Hanoun reconnaîtra que des acquis considérables ont été arrachés mais beaucoup reste à faire. «La question de tamazight ne peut être dissociée de la chose politique tant qu'elle n'est pas satisfaite dans son intégralité», tonnera-t-elle devant les applaudissements de l'assistance et d'ajouter : «Nous luttons pour que tamazight soit reconnue comme langue officielle à côté de la langue arabe. Cette reconnaissance permettra de renforcer l'unité nationale.» Ceci avant de plaider sa promotion par la mobilisation de tous les moyens. C'est une sorte de standardisation de la langue que Mme Hanoun a évoquée : «Il faut promouvoir la langue et non les dialectes. Quant à la transcription, il faut laisser les spécialistes prendre en charge ce volet.» Elle dénoncera une certaine volonté de ghettoïsation de la langue. Pour étayer ses dires, elle citera le recul qu'a connu son enseignement qui ne se fait que dans 9 wilayas, alors qu'il était de 16. «Il est temps de faire les bilans, et le combat pour tamazight n'est pas encore achevé.» En somme, elle fera le tour de cette question dans tous ses aspects, de la période de lutte jusqu'à celle des acquis, et des nouvelles dynamiques à enclencher pour y arriver. Toujours sur le même sujet, elle décochera des flèches à l'endroit de certains partis, notamment le RCD et le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, sans les nommer. «Revendiquer sa prise en charge dans un cadre de régionalisation ou autre sont les revers de la même médaille», tonnera-t-elle. En évoquant la situation sociale, politique et économique du pays, Mme Hanoun chargera de nouveau le parti de Saïd Sadi. «Nous sommes contre un financement étranger, qu'il émane d'un gouvernement ou d'une ONG, pour une APW», dira la dame de fer qui a insisté sur le fait que l'Algérie est un pays riche. D'autres points aussi importants les uns que les autres ont été abordés lors de cette sortie. Elle a exigé l'abrogation de la loi criminalisant la harga, de revoir l'accord d'association avec l'UE qui n'a apporté que misère et déchéance, etc. Aussi faut-il signaler que Mme Hanoun a vivement recommandé la capitalisation des résistances citoyennes tant les choses commencent à changer sur le plan des débats.