L'ancien chef du bureau de la CIA près de l'ambassade des Etats-Unis à Alger a été arrêté lundi dernier par la police de Norfolk, dans l'Etat de Virginie, puis remis à des agents fédéraux. L'information est rapportée par plusieurs journaux américains dont le Washington Post qui précise qu'Andrew Marvin Warren est accusé notamment d'agression sexuelle sur deux femmes algériennes. Andrew Marvin Warren, l'ancien chef du bureau de la CIA à Alger, devra comparaître devant un tribunal le 21 juin prochain pour répondre officiellement du chef d'accusation d'abus sexuel, un acte qu'il aurait commis sur deux Algériennes au moment où il était en poste dans notre pays. L'homme pourrait également être jugé pour «séquestration» si l'enquête diligentée en 2008 par la justice américaine confirme les déclarations des deux victimes. Ces dernières avaient prétendu dans leur plainte avoir été droguées par leur hôte avant qu'il n'abuse d'elles. La chaîne CNN avait rapporté que des «comprimés» avaient été découverts au domicile de Warren, à Alger, certainement les mêmes qu'il aurait administrés à ses victimes, ce qui conforte leur témoignage. La Télévision ABC News avait révélé de son côté que 12 cassettes «compromettantes» avaient été découvertes au domicile de Warren. l'enquête pouvant inclure «au moins» un autre pays arabe où il avait été en poste. La cour fédérale américaine avait convoqué l'accusé pour les mêmes motifs, à savoir séquestration et abus sexuel. Suite à cette audition, Andrew M. Warren a été radié des effectifs de l'Agence en mars 2009. C'est le Washington Post qui a révélé les détails de cette sordide affaire avant qu'elle ne s'ébruite en Algérie, provoquant le scandale que l'on sait. Dans son témoignage, la première victime, une Algérienne qui jouit également de la nationalité allemande, dit qu'elle a pris un verre de vin lors d'une fête organisée dans la résidence de Warren, lorsqu'elle fut soudainement prise de vertige avant de s'évanouir. En se réveillant, elle s'est retrouvée étendue sur un lit, entièrement nue. Elle affirme avoir la conviction que Warren avait abusé d'elle sexuellement mais qu'elle ne s'est rappelé de rien, vu l'effet du puissant somnifère qu'il lui a administré. Les faits se sont déroulés durant le mois de ramadan 2008. Chantage et recrutement La seconde victime est une Algérienne qui jouit «depuis plusieurs années» de la nationalité espagnole après son mariage avec un journaliste espagnol exerçant au Caire pour le compte de l'Agence de presse ibérique. La jeune femme (36 ans) qui effectue régulièrement la navette entre la capitale égyptienne et Madrid en passant parfois par Alger pour rendre visite à sa famille, aurait connu l'agent de la CIA au Caire. Elle affirme l'avoir rencontré la première fois lors d'une fête officielle organisée par l'ambassade américaine en Egypte, puis plusieurs fois de suite après qu'il a réussi à la recruter comme «correspondante» de l'Agence. Après l'affectation de Warren à Alger, la jeune femme va multiplier ses déplacements à Alger, officiellement pour rendre visite à sa famille mais pour y rencontrer surtout son recruteur dans sa résidence algéroise. Dans le PV de son audition par les services de l'ambassade américaine, la recrue raconte qu'un jour Andrew M. Warren lui avait offert une boisson et que, quelques minutes après l'avoir ingurgitée, elle a eu un malaise et s'est évanouie. Lorsqu'elle s'est réveillée, elle a compris que Warren avait abusé d'elle. Pour les officiels algériens, l'affaire est d'une extrême gravité. Non pour les faits délictuels reprochés à l'agent de la CIA et pour lesquels il pourrait écoper d'une peine maximale dans son pays, mais parce que le viol des deux femmes rappelle les méthodes grâce auxquelles les services d'espionnage procèdent pour recruter des agents locaux : le chantage au sexe, en particulier dans les pays conservateurs arabo-musulmans.