Le procès Fellah s'est ouvert hier à Annaba devant le tribunal criminel. Sur le banc des accusés, Hacene Fellah, l'ex vice-président d'APW de Annaba, propriétaire, entre autres, d'une société de récupération de déchets ferreux et non ferreux, qui travaillait exclusivement avec le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar, inculpé pour avoir détourné près de 1200 milliards de centimes au détriment du complexe sidérurgique d'El Hadjar et de l'administration des impôts. Comparaissant au même titre que Fellah, le directeur de la filiale Fersid (une entreprise publique spécialisée dans la collecte de la ferraille pour le compte dudit complexe) ainsi que d'autres personnes, des entrepreneurs, des agents de sécurité et des chauffeurs de ArcelorMittal, ont été appelés à répondre des accusations de corruption, de faux et usage de faux, fausses facturations et abus de biens privés. De lourdes charges dont ils auront à se défaire malgré leur persistance à nier les faits et l'assistance d'un collectif de défense fort d'une vingtaine d'avocats aguerris. L'audience, qui s'est déroulée devant une assistance exceptionnellement nombreuse, a débuté à 9 h précises avec la citation à la barre de Hacene Fellah. La chute d'un entrepreneur dont l'ascension a été trop rapide «Je ne reconnais aucun des griefs qu'on veut me mettre sur le dos. Je ne comprends même pas de quoi on m'accuse. C'est un complot qui a été monté contre moi par la direction d'ArcelorMittal». C'est en niant en bloc avoir détourné des caisses du complexe sidérurgique d'El Hadjar près de 12 milliards de dinars entre 2004 et 2006 et en flouant le fisc des charges TVA et autres durant cette période, que le magnat de la ferraille comme on l'appelle à Annaba a marqué le début de son procès. Il ajoutera que la comptabilité de sa société est claire sur ce point et qu'il a toujours communiqué mensuellement et au réel ses déclarations aux services des impôts d'El Tarf et qu'il est en mesure de prouver cela. L'accusé a ensuite répondu posément à toute une série de questions sur son patrimoine financier et sa carrière économique, brillante jusqu'à sa brutale chute. Propriétaire d'une modeste société de récupération au départ, en 2003, il dira qu'il l'a fait prospérer en activant avec le complexe. Mais il perdra quelque peu de son aplomb lorsque tour à tour le juge et le procureur l'apostropheront au sujet des 8000 tonnes qu'il aurait fictivement facturées à Fersid durant les années 2004, 2005 et 2006, selon le rapport dressé contre lui par les services de sécurité et corroboré par le magistrat instructeur avant qu'il ne soit placé sous mandat de dépôt le 2 mai 2009. Enfonçant le clou, le juge lui rappellera qu'il a pu être prouvé que beaucoup de ses partenaires dans son activité de récupération de déchets ferreux n'avaient pas les moyens matériels pour lui livrer les grosses quantités qu'il prétend avoir livrées à Fersid et, partant, au complexe sidérurgique. Les 7 prétendus fournisseurs, dont l'un est décédé en 2000, n'ont eu qu'à fournir à l'accusé des copies de registres de commerce et de cartes d'immatriculation fiscale ainsi que des cachets humides pour valider les livraisons fictives de marchandises, assénera le magistrat. Le représentant du ministère public pour sa part démontrera que la quantité de 8000 tonnes «fournie» à Fersid n'aurait jamais pu être livrée dans des délais aussi courts que ceux figurant sur les bons de réception présentés à la justice. «Pour cela, il aurait fallu que les transporteurs assurent des rotations ne dépassant pas les trois minutes pour un déchargement… Allez avouez que tout ça, c'était du cinéma et que les camionneurs faisaient semblant de travailler alors qu'ils étaient en réalité vides, l'essentiel pour eux était que vous les payiez, eux et les agents de sécurité, en contrepartie de leur silence», attaquera le procureur. Un argumentaire étayé par le premier responsable de l'aciérie à oxygène qui aurait dû de son côté utiliser lesdites quantités de ferraille et qui affirmera qu'il n'en a pas utilisé une seule au niveau de ses ateliers. Cet aspect de la question devra être expliqué par le directeur de cette entreprise filiale de Sider, Djamel Bara, auquel l'audience de l'après-midi a été consacrée…