Vous devez vous produire aujourd'hui à 19h à la salle El Mouggar, racontez-nous un peu le spectacle de ce soir qu'organise l'ONCI… C'est un spectacle où j'interpréterai mes anciennes chansons, j'aimerais vous dire que ces chansons portent en elles un parfum et dès qu'on les réécoute, c'est plutôt nostalgique car ça vous fait rappeler une période, un évènement. Le public lui-même est demandeur et réclame souvent les anciens titres. Bien sûr il y aura de nouveau morceaux de mon album Cibla, et des inédits qui j'espère plairont. C'est aussi l'occasion d'interpréter avec neuf autres artistes une nouvelle composition qui fait partie de mon prochain album, intitulé Harraga. Parmi ces chanteurs je citerai Ferhat Medrouh, Samah Akla, Lies Ksentini, Yacine Dahmane. Avec Hakim Salhi, on a pris l'habitude d'écouter que des chansons à travers lesquelles la joie ; avec Harraga, c'est un créneau tout à fait différent… En tant qu'artiste, il est important d'utiliser notre statut pour faire passer des messages et exprimer des avis. Certes, on apporte de la joie mais on a notre rôle à jouer dans la société car notre conscience est interpellée par ce qui nous entoure. Dans cette chanson, j'ai senti comme un devoir de pleurer les disparus, un devoir également pour sensibiliser ces jeunes et les détourner de cette fuite. Mais aussi un devoir d'attirer l'attention des responsables sur ce phénomène, de l'étudier et de trouver les solutions adéquates pourquoi pas en collaborant avec ces jeunes qui se sentent abandonnés par leur société. Il faut que ces jeunes puissent s'exprimer. C'est votre seule chanson qu'on pourrait appeler «engagée» ? Non, j'ai écrit une chanson sur les orphelins au profit d'une association qui s'occupe de cette frange de la société. Là aussi figurent de nombreux artistes, en l'occurrence Amel Wahbi, Reda Sika et Norddine Allane. Nous avons convenu que l'ensemble des artistes participant pouvaient faire figurer ces deux chansons sur les harraga et les orphelins parmi les titres de leur nouvel album. Vous présentez cette soirée comme une fusion entre chant et danse… La danse fait partie de moi et de mes décors, j'aime bien sentir les mouvements sur scène et c'est pour cela que pour ce spectacle j'ai décidé de ne pas être seul mais entouré par un ballet composé de jeunes filles et de jeunes garçons pour interpréter différents tableaux mettant en valeur le folklore et le style moderne. On a l'impression que nos chanteurs ont du mal à se produire, les tournées sont trop restreintes et quasi inexistantes… C'est vrai, les organisateurs ont cette fâcheuse manie d'attendre le mois de Ramadhan ou la saison estivale pour mettre en place un programme culturel. Un pays sans culture est un plat sans épices, les gens ont un besoin continuel d'activités culturelles et les moyens doivent être investis dans ce sens. Il est souvent malheureux de voir les artistes devoir se tourner essentiellement vers les mariages pour pouvoir survivre. Vous savez, j'ai beaucoup voyagé en Algérie et souvent avec mes propres moyens. J'ai toujours du mal à expliquer aux jeunes qui nous blâment, nous artistes d'accepter de nous produire qu'au niveau de la capitale et dans les grandes villes. Que les responsables fassent les efforts nécessaires afin de faire profiter l'ensemble de la population où quelle soit. D'autres programmations en vue pour Hakim Salhi ? Le 13 mai à la salle d'El Biar. Le spectacle est organisé par l'Etablissement arts et culture.
Comment fait Salhi pour se juger ? Notre indicateur, c'est le public. C'est lui qui nous fait progresser et plus il est exigeant, plus l'artiste est obligé de travailler davantage, de réfléchir et de mûrir ses choix. J'aimerais remercier l'ONCI pour la confiance qu'elle exprime pour mon travail, en me programmant à chaque fois qu'il est possible.