L'APC de Khraïcia a informé, avant-hier, les propriétaires des 78 villas du lotissement Chérifi Saïd que leur cas sera traité dans le cadre de la loi de 2008 relative à la régularisation des constructions. A cet effet, une commission technique se rendra au quartier d'ici à la fin de la semaine. Le recul sur la démolition des villas encore en chantier a soulagé la population. Après la pluie, le beau temps. L'APC de Khraïcia et la wilaya déléguée de Draria ont reculé, avant-hier, sur la décision de faire démolir les 78 villas en construction sans permis dans l'extension du lotissement Chérifi Saïd, localité de Sidi Slimane II, dans la commune de Khraïcia. Deux semaines après le début de l'affaire et deux jours après sa médiatisation, les autorités changent de position. Depuis lundi matin, elles ont commencé à parler le même langage que les propriétaires de ces villas encore en chantier. En effet, une délégation de sept personnes, représentants les habitants du quartier, a été reçue en audience par le président de l'APC de Khraïcia, Bellahdid Khader, une audience à laquelle le Temps d'Algérie a assisté. M. Khader, qui a rencontré le wali délégué de Draria, dans la matinée, a tenu d'emblée a rassuré ces concitoyens : «Il n'y aura pas de démolition.» Selon lui, il est au contraire question d'agir dans le cadre des lois en vigueur. Les propriétaires ont dès le début de l'affaire exigé l'application de la loi de 2008 relative à la régularisation des constructions, dont le début des travaux est antérieur à juillet 2008. «Il y a une réglementation, nous allons l'appliquer», a déclaré le premier magistrat de la commune. A cet effet, M. Khader a annoncé à la délégation la mise sur pied d'une commission technique mixte (wilaya déléguée, APC, services de sécurité) qui se déplacera, cette semaine, au quartier. Sa mission : «approfondir» le cas de ces 78 propriétaires. Concrètement, il sera question de déterminer avec exactitude la date de démarrage des travaux de construction de chaque villa. Suite à quoi, la commission décidera des suites à donner à chaque propriétaire. La plupart des habitants ont commencé à construire avant juillet 2008. La mise en conformité de leurs maisons ne risque pas de poser de problème particulier à partir du moment où il sera question de leur faire appliquer les dispositions de la loi sur la régularisation. Reste qu'une minorité, celle qui a acquis le terrain avec actes depuis des années, sa régularisation risque de ne pas aboutir. Côté propriétaires, on parle de la nécessité de défendre les intérêts de tout un chacun. En plus de ce travail d'enquête, les services de l'APC disposent des résultats du dernier recensement général de la population et de l'habitat, réalisé en avril 2008, afin de peaufiner le dossier de régularisation. Pour mettre à l'aise les représentants de la population touchée par cette affaire, le premier magistrat de la commune a rappelé ce que les concernés savaient déjà, à savoir l'inscription de plusieurs projets à leur projet. Il s'agit de la création d'un réseau d'éclairage public, d'une extension de la conduite de gaz de ville (sur 800 m) et de la deuxième tranche du revêtement des voiries. Ces opérations sont au stade d'appels d'offres, a précisé le président de l'APC. Les habitants satisfaits Au terme de cette audience, la première du genre depuis l'éclatement de l'affaire, la délégation s'est montrée très satisfaite des engagements pris par les autorités locales qui sont revenues à de meilleurs sentiments quant à l'application de la loi. Les propriétaires restent toutefois sur le qui-vive, guettant le moindre rebondissement de nature à fausser les choses ou à retarder la régularisation. De plus, ils se préparent déjà à recevoir une équipe du Cadastre, qui devrait se rendre sur les lieux la semaine prochaine, pour arrêter les plans d'urbanisation du site et permettre aux habitants de se faire délivrer des livrets fonciers. Depuis que les services de l'APC leur ont remis, le 27 avril, des mises en demeure leur enjoignant d'arrêter les travaux de construction et de procéder «à la remise des terres à leur vocation initiale (agricole)», de folles rumeurs ont circulé à Draria et à Khraïcia sur cette affaire, des rumeurs qui changeaient au fil des heures au point de hanter les habitants du lotissement et d'indisposer les autorités locales qui se renvoyaient la balle. Cela dit, contrairement à ce qui a été rapporté dans notre édition dimanche, les propriétaires ne déposeront pas plainte cette semaine. Après avoir consulté des avocats, les concernés ont compris que leur démarche sera improductive tant que l'APC n'a pas remis les arrêtés de démolition, des documents, dit-on, que M. Khader a refusé de signer malgré les pressions qu'il a subies. La localité de Sidi Slimane, où des milliers de villas ainsi que plus de 800 logements sociaux sont en cours de construction, est sortie de l'anonymat suite à la démolition d'une partie de la clôture de la coopérative Afak III, en chantier dans le même lotissement, sur un immense terrain. La casse a été motivée, selon le premier magistrat de la commune de Khraïcia, par le fait que le promoteur n'a pas de permis de construire. Cette démolition a eu lieu au milieu de la semaine dernière. Trois jours auparavant, soit le vendredi 30 mars, le promoteur avait invité ses clients au chantier pour leur annoncer le début des travaux de réalisation de leurs villas. «Ce jour là, il y avait quelque 400 véhicules dans la quartier», assure un témoin. D. C.
Aux dernières nouvelles, la wilaya déléguée de Draria continue à faire pression sur l'APC, afin de procéder à la démolition, alors que le premier magistrat de la commune a rassuré ces concitoyens en excluant, lundi, toute destruction.
D'après les habitants joints hier, les premières personnes visées par la démolition sont connues : il s'agit d'un ancien condamné à mort durant la guerre et d'une veuve de chahid.