Les cheminots durcissent le ton en reconduisant leur grève illimitée initiée depuis dimanche. Ils continuent à réclamer l'application de l'article 52 (alignement du salaire sur le SNMG) de la convention collective signée entre les cheminots et leur direction générale en 1997. Face à ce mouvement, la direction générale a préparé, a-t-on appris hier, des mises en demeure qu'elle compte envoyer aux grévistes. «Nous continuons notre mouvement de grève jusqu'à satisfaction de nos doléances, nous nous battons pour un droit légitime. Nous demandons aux citoyens qui sont pénalisés par cet arrêt des trains même s'ils ne nous soutiennent pas, qu'ils nous comprennent, car il s'agit de notre vie aussi», a tenu à souligner le syndicaliste Djamel Bichikhi, secrétaire national chargé de l'information à la Fédération nationale des cheminots. M. Bichikhi a aussi rebondi sur les menaces de la direction générale qui, selon certaines sources, est en phase de préparer des mises en demeure qu'elle compte envoyer aux cheminots, les informant que «tout agent ne regagnant pas son poste de travail sera sanctionné par des ponctions sur salaire dans un premier temps, et de mesures disciplinaires ensuite», a révélé ce syndicaliste. La Fédération nationale des cheminot a été contactée par la direction générale pour se mettre à table et discuter afin de trouver une solution adéquate et pouvoir ainsi assurer un service minimum ne serait-ce que pour le volet qui concerne les voyageurs. «La réunion de travail tenue dans la soirée d'avant-hier a été un échec. Les responsables de la SNTF ne voulaient rien entendre et demandent la reprise immédiate du servie des cheminots», a ajouté le syndicaliste. Une halte effectuée hier au niveau de la gare d'Alger nous a permis de prendre la température des lieux. Même pas l'ombre d'un voyageur sur place et toutes les issues ont été d'ailleurs fermées. Les agents grévistes étaient là, devant l'entrée de la gare Agha et d'Alger pour informer les voyageurs. «Nous sommes en grève illimitée. Nous sommes vraiment désolés des désagréments causés, mais nous voulons vivre décemment aussi», ne cessent de répéter les agents. Parmi les voyageurs rencontrés, El Hadja Ourida, qui devait rejoindre sa demeure à Sidi Bel Abbès, après un séjour chez sa fille à Alger. Elle est coincée. «Si je savais que la grève allait durer autant, je ne serais pas venue, car là je suis vraiment dans une situation embarrassante. Je dois prendre un taxi et Dieu seul sait que ce n'est pas évident pour une vieille hypertendue.» Idem pour le jeune Yazid, étudiant à l'école de commerce d'Alger, qui habite Boumerdès. «Nous, les étudiants, nous avons un abonnement annuel chez la SNTF et je dois dire que nous sommes bien pris en charge. Mais depuis dimanche, nous sommes livrés à nous-mêmes. Sincèrement, nous ne pouvons plus continuer à payer 70 dinars jour en venant en bus. C'est hors de notre portée. En plus, nous sommes en période des examens et nous devons être à l'heure. Ce qui n'est pas évident dans les conditions de circulation actuelles.» Les cheminots sont décidés à continuer le débrayage jusqu'à satisfaction entière de leurs revendications, à savoir l'application de l'article 52 de la convention collective, qui stipule l'alignement du salaire de base sur le SNMG. Mais la direction générale continue de tourner le dos à ses agents.