La formation militaire et civile fut une étape importante dans le processus de préparation de la révolution algérienne. Elle a été dispensée à tous les jeunes lycéens et universitaires ayant décidé de rejoindre les rangs de l'ALN pour livrer la guerre de révolution nationale. Pour les cadres de l'ALN, la formation a été la meilleure façon de bien initier ces jeunes à l'armement et au combat sur le terrain, vu qu'ils n'ont pas ce type d'apprentissage durant leur cursus scolaire. Outre la formation sur le territoire national, les responsables de l'ALN ont négocié plusieurs cycles de formation dans divers instituts militaires des pays arabes comme l'Egypte et la Syrie ainsi que la Chine et l'ex-URSS. «La Syrie a été le meilleur partenaire des Algériens dans ce domaine. Ils ont permis à nos jeunes d'accéder, dans les écoles et instituts militaires à Hams et Hallab, à des formations de longue durée de trois ans alors que l'Egypte a contribué avec des formations de courte durée dans le domaine de la marine et autres. D'autres pays arabes comme la Jordanie et l'Irak ont décidé d'imiter l'Egypte en proposant de former nos jeunes dans diverses spécialités», a précisé Chaichi Baghdadi, ancien commandant de l'ALN lors d'une conférence débat animée hier au centre de presse d'El Moudjahid sur la formation militaire. Une conférence organisée par l'association Machâal El Chahid à l'occasion de la commémoration des évènements de la grève des étudiants. Les différentes formations dispensées durant les années 1950 ont permis à l'ALN de former de véritables cadres militaires ayant eu une contribution précieuse dans l'organisation et la structuration des rangs de l'armée. Les statistiques fournies par le commandant Baghdadi font état de la formation de 850 officiers, soit 23 promotions par les deux écoles de transmission. La première a été créée en 1957 sur les frontières marocaines et gérée par le colonel Boussouf, alors que la deuxième a été ouverte en Tunisie en 1958 en vue d'accroître le nombre des cadres appelés à recevoir cette formation. L'école nationale des cadres, ouverte en 1957 à Moulouya, a formé 58 cadres alors que celle de Halfaia a contribué, avec 750 cadres, à dix promotions sorties de cette école. Quelque 23 officiers ont été formés pour l'armée de terre, 37 commissaires de police, 16 officiers de commandement de la marine, et 5 nageurs de combat. Un volet éludé dans l'écriture de l'histoire Dans l'aviation, les formations dispensées ont permis de doter l'ALN de 44 pilotes, 11 ingénieurs, 6 contrôleurs radar, 20 mécaniciens et 6 parachutistes. L'URSS a formé 8 officiers. Le conférencier a souligné que les formations dispensées se sont déroulées en deux étapes, passant par une formation de base avant d'aller à la spécialisation. «En 1961, les deux promotions sorties d'Egypte et de Chine sont parties vers l'URSS pour un perfectionnement. Elles ont eu la chance de faire leur apprentissage sur des appareils de dernière génération de l'époque», a-t-il encore ajouté. M. Baghdadi regrette que les événements de cette importante étape ne soient pas transcrits dans le cadre de l'écriture de l'histoire. «Non, malheureusement, il n'y a pas eu d'écrits sur ce sujet important dans l'écriture de l'histoire. Ce sont des informations que nous avons transmises dans des conférences et des débats traitant du sujet», a-t-il souligné. Plusieurs témoignages ont été faits lors de cette conférence sur l'importance de ces formations ayant «réussi à bien tracer le parcours de la révolution algérienne». Les interlocuteurs ont tenu à rendre un grand hommage au martyr Nouar Rabah «qui a eu un apport précieux dans la formation et l'encadrement des jeunes. C'était un véritable militant avec un sentiment de paternalisme envers tous les jeunes», ont-ils tenu à souligner.