La Coupe du monde n'a pas encore commencé que déjà flotte au-dessus d'elle un parfum de scandale. Et un gros scandale qui s'il n'était pas enrayé risquerait de nuire à la crédibilité de la compétition et mettrait même en péril son avenir. La bombe, si on ose la qualifier ainsi, est venue du président la Fédération anglaise de football, Lord Triesman, que l'on ne doit pas prendre pour un plaisantin, lui qui est reconnu comme un haut dignitaire du Royaume uni et qui n'est pas lord pour rien. Ce dernier aurait, dans une conversation téléphonique avec une ses anciennes collaboratrices, indiqué que l'Espagne retirerait sa candidature pour l'organisation de la Coupe du monde 2018 au profit de la Russie si cette dernière l'aidait à corrompre les arbitres pendant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Prise comme ça, l'information peut paraître idiote et dénuée de tout fondement. Elle prêterait même à rire. Mais il y a un côté sérieux à prendre en compte sachant l'importance qu'a prise la Coupe du monde et les milliards de dollars qu'elle génère. Il ne faut, en effet, pas seulement regarder les dividendes qu'en tirent le pays organisateur et la Fifa, mais également tous les circuits parallèles et parfaitement illégaux qui pullulent autour de l'évènement et qui brassent de l'argent en devises par pelletées. La Russie est connue pour être le pays d'une mafia ultra puissante et extrêmement bien organisée au point d'avoir détrôné toutes les «familles» américaines qui, pourtant, ont des années d'avance en matière de crime organisé et de délit en tout genre. Ayant eu vent de la publication de sa conversation par la presse anglaise, Lord Triesman a bien tenté de la bloquer par voie judiciaire. En vain. Pourtant, l'intéressé n'est pas le premier venu en Angleterre car il a été ministre de l'Innovation, des Universités et des Compétences. Ce qui réduit l'impact de la révélation du président de la Fédération anglaise de football, c'est le fait que son pays est, lui aussi, candidat à l'organisation de la Coupe du monde 2018. Certains estiment, en conséquence, qu'il aurait très bien été amené à faire cette confidence à son ex-collaboratrice dans un moment de dépit, juste pour nuire à la réputation de la Russie et démolir sa candidature pour l'organisation de la même compétition. Des sources fiables indiquent à ce sujet qu'il aurait envoyé des messages d'excuses à ses homologues d'Espagne et de Russie après la publication de sa conversation dans les tabloïds anglais. La Fifa dans tous ses états Selon le Sunday Times, qui traite assez longuement l'information, l'ex-collaboratrice, qui répond au nom de Melissa Jacobs, serait une ex-maîtresse du dignitaire anglais, âgé aujourd'hui de 66 ans. Mais leur relation intime n'aurait pas duré car le responsable du football anglais aurait craint de détruire son foyer mais il est resté, malgré tout, très bon ami avec Melissa. Lors de la conversation, il lui aurait fait la confidence que la candidature de l'Angleterre pour la Coupe du monde 2018 est solide du fait qu'il était sûr d'avoir les voix africaines et une majorité des voix européennes acquises, pour la plupart, à l'amitié qui le lie au président de l'UEFA, Michel Platini. «Là où nous allons perdre des points, aurait dit à Melissa Jacobs lord Triesman, c'est au niveau de l'Amérique du Sud où les hispanophones sont nombreux et acquis à la candidature espagnole. Ce sont ces voix sud-américaines que l'Espagne a proposé à la Russie en échange de la corruption d'arbitres lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.» La presse anglaise précise que jusqu'à dimanche matin, l'Espagne n'avait pas réagi aux propos qu'auraient tenus lord Triesman. De son côté, la fédération russe de football, par l'entremise de son directeur général, Alexei Sorokin, a déclaré que l'Angleterre serait le plus sérieux rival de son pays pour l'obtention de l'organisation de la Coupe du monde 2018 sans parler des révélations du président de la fédération anglaise. Ce qui ajoute du sel à l'affaire, c'est que le président de la commission d'arbitrage de la Coupe du monde 2010 n'est autre que le président de la Fédération espagnole de football, Villar Llona Angel Maria. C'est sa commission qui va nommer les arbitres et les assistants appelés à diriger les matches du prochain Mondial. Et puis il y a la Fifa au sein de laquelle ça doit «bouillir» en apprenant que l'on cherche à saborder son «joujou» et sa crédibilité à la veille de son démarrage. Le scandale ne fait peut-être que commencer.