Bien que leurs représentants encore à Alger leur aient fait part du dénouement positif des négociations, les travailleurs grévistes de la région d'Annaba ne se sont effectivement décidés à reprendre le travail qu'hier en début d'après-midi. Les plus irréductibles d'entre eux auront été les agents de traction dépendant du dépôt de Souk Ahras, qui ne se sont résolus à mettre fin à la grève qu'après avoir été convaincus par leur directeur régional en personne qu'un accord a bel et bien conclu avec le ministère des Transports et que les augmentations de salaires leur seront notifiées incessamment. Les discussions, épuisantes pour ce responsable, auront duré plus de cinq heures avant que les conducteurs n'acceptent, apprend-on auprès de la DRF. Ceci au moment où leurs collègues d'Annaba avaient commencé à assurer les navettes de transport de voyageurs et à organiser celles destinées au fret de marchandises de Naftal et du complexe sidérurgique ArcelorMittal notamment. Au niveau de la gare d'Annaba, les agents SNTF qui avaient été informés dès les premières heures de la journée des avancées des pourparlers n'avaient d'autre sujet de conversation, hier, que les augmentations de salaires arrachées. Les plus avertis se réjouissaient du fait que le mouvement de grève ait abouti à un tel résultat alors que les plus hauts responsables du secteur des transports prédisaient le pire au vu de la précarité de la santé financière de la SNTF. L'accord conclu en dépit de l'engagement tardif, à leurs dires, dans le conflit de la fédération des cheminots et de la centrale syndicale UGTA est perçu par les travailleurs de la SNTF d'Annaba comme un encouragement pour les actions futures. «Notre mouvement était spontané. Il résulte de la politique des résultats et des seuls résultats qui a été menée jusqu'ici par les dirigeants, qui se sont succédé à la tête de l'entreprise. Nous avons été considérés comme des forçats sans droits que l'on a exploités jusqu'à l'usure et ce n'est pas l'UGTA qui a voulu intervenir en pompier, cette fois encore, qui aura été pour quelque chose dans notre victoire», déclare ce conducteur rencontré dans le hall de la gare de Annaba. Selon lui, la lutte pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des cheminots ne sera plus menée par les représentants du vieux syndicat. «Nous pensons sérieusement à créer notre propre syndicat bientôt et ce sera sûrement un syndicat citoyen réellement représentatif et non plus un organe annexe des pouvoirs publics», lancera-t-il sur un ton de défi avant de se diriger vers le local où ses camarades et lui avaient installé leur piquet de grève neuf jours durant.