L'institut Cervantès nous a offert récemment l'occasion de découvrir non seulement le cinéma vénézuélien mais également des pans de l'histoire de ce pays. De merveilleuses couleurs, de grands espaces, des blagues latines et des habits d'époque envahissent l'écran pour raconter Bolivar eterno ciudadano de la libertad (Bolivar, éternel citoyen de la liberté), une fiction produite en 2007 selon le scénario de Julio César Marmal et réalisée par Efterpi Charalambidis et Beto Benites. Ce court métrage de 45 mn retrace le retour du libérateur Simon Bolivar à Caracas au milieu de complots dont certains visant son exécution et d'autres son exil. Le long de son voyage, sa sœur le raconte, la cuisinière le raconte et ce Noir aussi qui refuse les ordres mais qui affirme tout pouvoir entreprendre pour «El Libertador», car Bolivar s'adresse à lui avec respect. On apercevra également ses ennemis le raconter et préparer son éviction. Bolivar répond, discute et clarifie les décisions. C'est toute l'abnégation, l'intelligence et les valeurs de ce personnage qui sont mises en relief dans ce film. Bolivar ne veut pas être considéré comme un roi mais comme un simple citoyen prêt à se sacrifier pour une seule cause : l'indépendance de son pays et l'unité de la grande Colombie. Mais qui est ce personnage adulé et haï en même temps ? Le général Simon Bolivar, né à Caracas le 24 juillet 1783, s'est voué corps et âme au combat pour l'indépendance totale de son pays et à l'unification des pays de l'Amérique latine en une même nation. Après une rude lutte contre l'Espagne, la république de la grande Colombie naîtra alors, englobant le Venezuela, l'Equateur, le Pérou, la Bolivie et la Colombie. Bolivar en sera le président mais ne pourra pas maintenir cette union. Malade, il mourra dans son exil en 1830 à l'âge de 47 ans. Le film est l'une des premières productions de la société étatique «La Villa del Cine», créée en 2006 dans le contexte d'un projet lancé pour le développement des arts et de l'industrie cinématographique au Venezuela. Pour accompagner cet organisme, l'Etat a opté pour des universités artistiques et des ateliers en vue de réhabiliter «la culture traditionnelle» et les héros nationaux, tels Miranda et Bolivar. D'énormes moyens ont été injectés dans ce secteur pour bénéficier des meilleures technologies, développer les infrastructures et la formation dans les métiers du cinéma. «La Villa del Cine» a déjà accueilli plus d'une trentaine de projets avec 14 films produits parmi lesquels Le retour de Miranda, une grande fresque historique tournée avec plus de 1200 figurants. En 2009, les productions de la Villa ont récolté 22 consécrations.