Le procureur de la République, tenant compte des aveux formulés par l'inculpé, A. Med Tarek, au regard de ses antécédents judiciaires, a requis la peine de mort. La présidente d'audience, Mme Derrar, connue pour sa clémence et son sens de l'équité, a condamné l'inculpé à une peine de 4 ans de prison assortie d'une amende de 200 000 DA sous le chef d'inculpation de tentative d'homicide volontaire et guet-apens. Aussitôt la sentence prononcée, la mère du jeune repris de justice s'est effondrée. Un moment fort en émotion et révélateur de l'angoisse de la mère. Dès l'entame du procès, la juge auditionna l'inculpé, le témoin ainsi que la victime qui, selon la juge, «jouit d'une excellente réputation au sein de son quartier situé dans la périphérie de Bab el Oued». Les déclarations du seul témoin étaient contradictoires concernant l'arme utilisée par l'inculpé mais également le déroulement des faits qui, faut-il le préciser, se sont déroulés dans la nuit du 16 novembre 2009, aux environs de 23h, alors que la population d'Alger célébrait la victoire de l'EN de football face aux Egyptiens jusqu'à une heure tardive de la nuit. En ce jour et selon l'arrêt de renvoi, l'inculpé, armé d'une arme blanche (épée) a assené plusieurs coups à B. Moussa, son voisin. La victime qui aura 30 jours d'incapacité délivrés par le médecin légiste suite aux blessures graves qu'elle venait de recevoir, a été découverte par les services de sécurité baignant dans une mare de sang. Appelé à la barre, l'inculpé devait, en réponse aux questions du juge, déclarer : «J'étais avec ma femme, hôte chez mes parents, quand j'ai entendu des propos obscènes prononcés sans vergogne par un groupe de jeunes. Lorsque je suis descendu pour leur demander de faire preuve de respect, B. Moussa m'a agressé en me portant un violent coup au dos à l'aide d'une matraque», ajoutant : «Suite à cela j'ai trouvé un couteau sur le sol et lui ai asséné un coup à l'abdomen.» Pas de pièce à conviction Une version peu plausible aux yeux de la juge qui releva toutefois l'absence du gourdin comme pièce à conviction dans le dossier. La victime, quant à elle, avait affirmé connaître son agresseur indiquant avec assurance que «A. Med Tarek a tout d'abord ordonné à son chien de m'attaquer. Et alors que je souffrais des morsures du chien, il me porta des coups d'épée au ventre, au visage et en de multiples autres endroits». Le témoin, quant à lui, a fourni un témoignage contradictoire que le procureur de la République n'a pas manqué de relever. La défense s'est évertuée à plaider la légitime défense, déplorant «l'absence du deuxième témoin qui, selon l'avocate, pouvait rétablir la vérité», précisant que «si le témoin en question était présent, il aurait pu confirmer que mon client a réagi aux provocations de B. Moussa». Elle devait également demander au juge de requalifier l'affaire, dans l'espoir que le chef d'inculpation de guet-apens soit retiré, vu que «l'incident était une querelle de voisin et que les faits se sont précipités et sont déroulés à quelques minutes d'intervalle». Elle finira par demander «l'application de l'article 39 du code pénal relatif à la légitime défense». Les magistrats, de même que les jurés et le procureur de la République, ne l'ont pas entendu de la même oreille. Tenant compte du lourd casier judiciaire de l'inculpé, et après une longue délibération, un verdict condamnant A. Med. Tarek à une peine de prison de 4 années a été prononcé, lui donnant la possibilité d'introduire un pourvoi en cassation.