Après une de protestation menée par une soixantaine de familles évincées du programme de relogement des habitants de l'avenue de Roumanie, les forces de l'ordre sont intervenues jeudi passé pour évacuer le site et procéder à l'interpellation d'au moins 19 personnes, dont 5 femmes, qui devront comparaître aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal de Constantine, pour attroupement et trouble à l'ordre public. Ces protestataires réclamaient les résultats des recours déposés au lendemain de l'opération de relogement et dénoncent par la même occasion «le silence qui entoure leurs recours». Selon les concernés, des PV d'audition leur ont été notifiés jeudi, après avoir été conduits par la force avec une trentaine d'autres au siège de la sûreté de wilaya. Les protestataires ont suspendu leur grève de la faim qu'ils avaient entamée la semaine dernière dans le but d'attirer l'attention des autorités publiques, sans succès. Ces familles ont été expulsées du quartier par les éléments de la brigade antiémeute. «Notre mouvement de protestation se poursuivra malgré tout», annoncent ces familles, insistant à dire : «Cette tentative d'intimidation et cette volonté de punir ne nous dissuaderont jamais.» Ainsi, ils déclarent qu'ils ne baisseront pas les bars jusqu'à ce que les résultats de leurs recours déposés au lendemain du relogement soient affichées. Du côté de la wilaya de Constantine, l'on assure que les résultats de la commission des recours ont bel et bien été affichés, et que 9 recours ont été acceptés, et ce, durant l'opération de relogement qui avait duré une semaine, au mois d'avril dernier. «Ces nouveaux protestataires n'ont aucun droit», signifie-t-on. Sur un autre registre, les membres du comité SOS Expulsion de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), dans un communiqué adressé à toutes les rédactions, dénoncent l'intervention musclée des forces de l'ordre sur le site de l'avenue de Roumanie et se disent être «choqués par la répression qui s'était abattue sur les familles rassemblées ce matin (jeudi, ndlr) sur le terrain où leurs maisons ont été détruites, pour réclamer leur droit au logement». Ainsi, le comité de la LADDH interpelle le président de la République pour qu'il intervienne et ordonne l'ouverture d'une enquête sur l'opération de relogement des habitants de l'avenue de Roumanie, qui a suscité beaucoup de protestations.