Le mouvement de protestation, mené pacifiquement par des dizaines de familles, a été violemment réprimé. Treize personnes, parmi les anciens habitants protestataires de l'avenue de Roumanie, ont été convoquées par le procureur de la République près le tribunal de Constantine, pour être auditionnées demain, dimanche, pour trouble à l'ordre public, a-t-on appris auprès des familles des concernés. Parmi ces contestataires à l'encontre desquels des P.-V. d'audition ont été établis, ce jeudi, après avoir été conduits par la force avec une trentaine d'autres au siège de la sûreté de wilaya, figurent cinq femmes dont certaines sont âgées. Il faut dire que ces familles expulsées de leurs maisons, le 8 avril dernier, avaient entamé, la semaine passée, une grève de la faim avec un ton assez dur dans l'espoir de voir les autorités locales réagir à leur appel. Mais, elles ont eu en face d'elles un véritable mur au niveau de l'administration, à qui ces dernières reprochent d'avoir gardé le silence et refusé de les informer sur le sort de leurs recours déposés suite à l'opération de relogement des 690 foyers à la nouvelle ville Ali Mendjeli. « Est- ce trop demander de nous enquérir sur nos recours et de savoir à quand notre relogement, d'autant plus que nous possédons des actes de propriété ? », s'interroge l'un d'entre eux. Des dizaines de familles avaient entamé pacifiquement leur mouvement de protestation au niveau de leur quartier. Mais, il leur a été reproché d'avoir troublé l'ordre public. Ce jeudi, rappelons-le, ces familles ont été chassées du quartier par les éléments de la brigade anti-émeute, et qui ont « matraqué les grévistes, alors que des femmes ont été traînées de force loin de la tente, que ces derniers avaient installée la veille pour y passer la nuit », affirment des témoins oculaires. Suite à cela, une trentaine de ces frondeurs, entre femmes et hommes, seront interpellés. Aujourd'hui, la grève de la faim a été suspendue. « Notre mouvement de protestation se poursuivra malgré tout », annoncent ces familles, insistant à dire que « cette tentative d'intimidation et cette volonté de punir ne nous dissuaderont jamais ». La LADDH dénonce Dans un communiqué parvenu, ce jeudi, à notre rédaction, les membres du comité SOS Expulsion de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) disent être « choqués par la répression qui s'était abattue sur les familles rassemblées ce matin (jeudi ndlr) sur le terrain où leurs maisons ont été détruites, pour réclamer leur droit au logement ». Le comité souligne que « l'intervention des forces de l'ordre pour disperser les familles était des plus violentes ». Tout en dénonçant au passage ce qu'il qualifie de véritable répression, le comité de la LADDH demande l'intervention du président de la République afin d'ouvrir une enquête sur l'opération de relogement des habitants de cette avenue.