Comme pour la première phase, le tirage au sort pour les 691 familles de l'avenue de Roumanie s'est déroulé jeudi matin au niveau du centre culturel Ibn Badis sous haute tension à cause de la protestation des évincés du programme. Ces derniers ont essayé à maintes reprises d'envahir la salle où se déroule l'opération et les services de sécurité dépêchés en force ont dû intervenir plusieurs fois pour imposer le calme. Les évincés ont usé de tous les moyens pour faire entendre leur voix et bloqué la route menant vers la gare routière durant plusieurs heures de la journée. Ils promettent de reprendre la contestation et les émeutes le jour du relogement, soit le dimanche 11 avril. Leur nombre dépasse les 250 selon leurs représentants, mais du côté des services de la daïra chargés d'élaborer la liste des bénéficiaires, seuls vingt noms ont été rejetés de la liste finale. Il faut dire que le programme d'éradication des bidonvilles qui se poursuit à Constantine se fait à une cadence démesurée. L'avenue de Roumanie inscrite dans ce programme depuis trois années continue de connaître des mouvements de protestation à chaque opération de relogement. Il est à rappeler que la première phase a connu de vives agitations qui ont fait 31 blessés dont 28 policiers et le chef de cabinet du wali. Par ailleurs, il est à préciser que la commission chargée du recensement des familles habitant l'avenue de Roumanie et ouvrant droit au relogement a fait état, dans un bilan préliminaire, de l'existence de près de 800 familles occupant un site des plus en vue dans la périphérie immédiate de la Médina. Le nombre de familles recensées en prévision de l'éradication qui a débuté le mois dernier a été «revu à la baisse» plusieurs fois après vérification des listes des bénéficiaires. Ce qui n'a pas manqué d'irriter les habitants qui se sont regroupés jeudi dernier pour protester contre l'éviction pour certains et l'insuffisance d'indemnisation pour d'autres. Sur un autre registre, le wali de Constantine a déclaré que «les autorités locales seront inflexibles» au sujet de l'opération de démantèlement des bidonvilles qui ceinturent la ville et dont le coup d'envoi a été donné le 8 avril et se prolongera jusqu'à la fin de l'année en cours. Il existe officiellement, à titre de rappel, 66 sites intra-muros et 214 répartis à travers l'ensemble du territoire de la wilaya. Le chef de l'exécutif affirme que les opérations de relogement «doivent être menées à bien quelles que soient les éventuelles difficultés». Et d'insister que le «mois d'avril constitue le point de départ d'une mise à niveau radicale du paysage de la ville».