Suite aux rumeurs qui ont fait état d'un éventuel retour dès la prochaine rentrée scolaire à l'ancien système fait de six ans de scolarité dans le cycle primaire, dont la décision peut être officialisée incessamment, les syndicats de l'éducation font état d'un échec consommé dans la réforme survenue il y a trois ans, tandis que les parents d'élèves dressent un constat amer de tous les changements qui ont perturbé leurs enfants le long de leur scolarité, alors qu'au niveau des services compétents auprès du ministère on dément catégoriquement toute idée optionnelle d'un changement. «Arrêtons de faire de nos enfants des objets de laboratoire, il faut penser à mettre sur pied en urgence le système le plus adéquat pour sortir du tâtonnement, on doit fixer des objectifs dès le départ», constatera Meziane Meriane, secrétaire général du Snapest, avant d'enchaîner sur un air désolant : «Si on décide de changer c'est qu'il existe une carence, et le fait d'importer un système qui a donné ses fruits ailleurs ne peut pas forcément réussir en Algérie, on a assez perdu de temps.» Avant qu'il compare les réformes opérées dans le système éducatif au travail d'un architecte qui entame les travaux de construction d'un immeuble sans avoir étudié le degré d'adéquation du sol auparavant, avant de conclure que «tout a été du temps perdu, et pour le pays et pour l'économie nationale, et surtout pour les générations futures.» Même son de cloche ressenti chez Mohamed Salem Sadali, en sa qualité de premier responsable du Satef, qui affirmera que «ça démontre encore une fois que la politique de bricolage est toujours de mise, puisque dans ses réformes, la tutelle a toujours omis de prendre en considération tous les paramètres fondamentaux qui s'articulent tout autour, le tout comportant en filigrane une vision à long terme», avant de préciser que la réforme doit «être une chose globale, d'où une vision globale, où l'aspect économique ne doit en aucun cas primer sur l'aspect pédagogique». «Que cessent les replâtrages» Tout en déplorant les replâtrages incessants qui ont caractérisé la chronologie des faits au sein de l'école, le secrétaire général du Satef insistera encore une fois sur l'urgence d'une conférence nationale sur l'éducation, afin de procéder en premier lieu à l'évaluation des réformes et par là à décider des mesures à prendre, avant de conclure que le doublement des effectifs au niveau du cycle moyen pendant l'année dernière a donné du fil à retordre aux responsables des collèges et aux enseignants. Pour sa part, le chargé de la communication au niveau du Cnapest, Messaoud Boudiba, qualifiera cette décision de salutaire puisqu'«elle devait être prise dès le début, étant donné qu'une scolarité de six ans au primaire permettra à l'enfant de se former sur le plan qualité et quantité, et le système à cinq ans ne donne pas le temps nécessaire qui permette à l'enfant d'acquérir une base, puisque le paramètre de surcharge des programmes fait exercer une certaine pression sur la psychologie de l'enfant». «Un état de fait qui peut toujours être constaté dans la régression du taux de réussite dans l'examen de 5e sanctionné par une régression considérable des taux de réussite qui ont descendu autour d'une moyenne de 70%», a renchéri Boudiba avant de préciser que le système à six ans restera le plus efficace à condition que les programmes soient bien répartis. Alors que le secrétaire général du même syndicat, Nouar Larbi, annoncera que «le fait qu'on pense à l'imposition d'un changement prouve que le nouveau système n'est pas infaillible, puisqu'il n'existe pas un mode de fonctionnement clés en main, on est toujours appelés à opérer des ajustements, afin de permettre une meilleure prise en charge du citoyen de demain». Les solutions n'émaneront pas du changement dans le nombre d'années d'études «Des ajustements qui ne voudront pas dire que les solutions viendront dans l'aménagement du nombre d'années de scolarisation, mais le mal doit être traité au niveau du manque de connaissances dont souffre l'élève dans son passage d'un cycle à un autre», déclarera le porte-parole du Cla, Idir Achour, tout en précisant que la solution réside dans la lutte contre la surcharge des programmes ainsi que le fait de combler le vide pédagogique et le retour à une scolarité de six dans le premier cycle de scolarité, peut toujours être salutaire puisqu'on donnera ainsi à l'élève le temps nécessaire pour acquérir le maximum de connaissances». Il déplore aussi le manque de crèches publiques à travers le territoire, en proposant que ce genre d'établissements se généralise à tous les quartiers et agglomérations, puisque chaque école doit être accompagnée d'une crèche. Du côté des parents d'élèves, on se soucie toujours des répercussions de tous ces changements qui chamboulent terriblement les élèves dans leur scolarité. C'est dans ce sens qu'ira M. Taliouine en sa qualité de président de l'association des parents d'élèves d'Alger qui dira : «Ce sont toujours nos enfants qui payent les pots cassés, arrêtons de faire d'eux des cobayes». Cet éventuel retour à la case départ fera dire au représentant des parents d'élèves que «le changement d'un système vers un autre ne suffit pas, il y a beaucoup de paramètres qu'il faut voir en parallèle à cette option». Dans notre tentative de jauger le degré de réussite du système à cinq ans, nous avons contacté Mohamed Tessa qui, en sa qualité de pédagogue au niveau du ministère de l'Education, aurait pu nous éclairer sur les fruits qu'auraient apporté les dernières réformes. Mais malheureusement, il a refusé tout commentaire, tout en affirmant qu'il n'existe rien d'officiel au niveau du ministère qui fait état d'un éventuel changement.