Pour cette nation de tout juste deux millions d'âmes, se qualifier pour la Coupe du monde est déjà un exploit. Pour y parvenir, elle a écarté de son chemin la Pologne, la République tchèque et enfin la Russie (142 millions d'habitants). Miraculeux, diront certains, mais peut-être pas tout à fait si l'on se souvient que la Slovénie a déjà participé une fois à l'épreuve reine du football mondial. Elle n'en sera donc pas à son coup d'essai en Afrique du Sud. En route vers l'Afrique du Sud À l'issue du tirage au sort préliminaire, la plupart des observateurs avaient donné la République tchèque et la Pologne – deux rescapés du Mondial 2006 et de l'Euro 2008 – comme favoris du groupe 3. Au final, ce dernier a donné lieu à une lutte acharnée pour la première place entre… la Slovénie et la Slovaquie. La Slovénie doit sa qualification avant tout à une défense étonnamment hermétique, la plus étanche de la Zone Europe derrière celle des Pays-Bas. Mais la sélection dirigée par Bert van Marwijck a disputé deux matches de moins que celle entraînée par Matjaz Kek, qui n'aura finalement cédé que quatre fois en dix sorties. À la veille de la dernière journée, la Slovénie faisait même figure de favorite pour décrocher le billet direct pour l'Afrique du Sud. Mais c'était compter sans la pugnacité de la Slovaquie. Battue par les Slovènes à l'extérieur et à domicile, les Slovaques ont trouvé les ressources pour aller s'imposer en Pologne (1-0) lors de l'ultime journée. Malgré l'excellente prestation des hommes de Matjaz Kek dans leur groupe, difficile d'accuser la Russie de présomption pour s'être réjouie d'avoir hérité de la Slovénie en barrages. Alexander Kerzhakov n'avait pas hésité à qualifier le tirage de «favorable» pour l'équipe de Guus Hiddink. Les 88 premières minutes du match aller, en Russie, lui donneront raison, les locaux menant alors 2-0. Mais à deux minutes du terme, le Slovène Nejc Pecnik inscrit ce fameux but tant recherché sur terrain adverse. Au retour à Maribor, les Slovènes savent ce qu'il leur reste à faire. C'est Zlatko Dedic qui s'acquittera de la tâche, offrant une victoire 1-0 à son pays, qui crée ainsi l'une des plus grosses surprises des qualifications européennes de ces dernières années. Le sélectionneur Joueur réputé pour ses qualités de leader plus que pour ses dons techniques, Matjaz Kek obtient sa première et unique sélection en équipe nationale en 1992, à l'âge de 30 ans. C'est à Maribor, club avec lequel il a remporté consécutivement trois championnats de Slovénie, qu'il fait ses premiers pas comme entraîneur. Après six années plus ou moins fructueuses à ce poste, il débute dans son rôle de sélectionneur avec les U-15 et les U-16 slovènes. En janvier 2007, il prend les rênes de la sélection A, avec laquelle il obtient des résultats dépassant toute attente. Après la qualification pour l'Afrique du Sud 2010 face à la Russie, Kek déclare : «La Slovénie vient de réaliser un rêve». Les joueurs vedettes Inutile de chercher des grands noms dans l'équipe de Slovénie. La force de l'équipe réside avant tout dans son tempérament et dans la qualité de son jeu collectif. Cela dit, Kek peut compter sur quelques joueurs de grande classe, à commencer par Milivoje Novakovic, buteur à cinq reprises dans ces qualifications. Aujourd'hui âgé de 29 ans, l'attaquant de Cologne sera au sommet de son art en Afrique du Sud. Le natif de Ljubljana n'hésite pas à affirmer qu'il constitue «un tiers de la colonne vertébrale» slovène avec le gardien Samir Handanovic et le milieu offensif Robert Koren, par ailleurs capitaine de la sélection. Passée en Coupe du monde Étant donné que son indépendance date seulement de 1991, année où elle se sépare de la Yougoslavie, la Slovénie possède une histoire footballistique plus courte que celle de la plupart des autres qualifiés pour l'Afrique du Sud. Cela dit, elle peut se targuer d'avoir atteint la phase finale de la Coupe du monde dès sa deuxième tentative. En qualifications, les joueurs emmenés par Srecko Katanec disposent de la Suisse et – ironie de l'histoire – de la Yougoslavie et valident leur billet pour Corée/Japon 2002. Malheureusement, l'expérience slovène au grand rendez-vous mondial tournera court, le joueur vedette Zlatko Zahovic étant renvoyé au pays après un différend avec Katanec au terme du premier match de groupe. La Slovénie s'inclinera à trois reprises en autant de sorties. Paroles de joueur «Pour un petit pays comme le nôtre, c'est une performance incroyable de se qualifier pour une Coupe du monde. Avant le début des qualifications, personne n'aurait parié un sou sur nous. Aujourd'hui, tout le pays est fier de nous. Nous voulons maintenant montrer qu'indépendamment de notre statut, nous pouvons rivaliser avec les meilleurs.» Milivoje Novakovic, attaquant.