La question de l'emploi constitue une véritable préoccupation en Algérie, d'autant plus que les jeunes demandeurs d'emploi de moins de 30 ans représentent 73,4% du total de la demande et dont 30% sont des femmes. La densité de la demande nationale est en constante croissance, soit 300 000 demandes additionnelles/an dont 120 000 sont issus des universités alors que 70% de cette demande émane de primo demandeurs d'emploi. Ce qui fait que l'Algérie place la promotion de l'emploi et la lutte contre le chômage au centre de sa politique nationale de développement. L'Agence nationale de l'emploi (Anem) qui prend en charge le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle des primo demandeurs (Daip) et le placement classique des diplômés œuvre à assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. Depuis juin 2008 et jusqu'à la fin de l'année 2009, 34% des chômeurs ont intégré le monde du travail à travers des contrats d'insertion de diplômés, 24% via des contrats d'insertion professionnelle passés avec les différents employeurs, alors que le 43% des chômeurs sans qualification aucune ont été placés. 50% des placements sont pour des universitaires Selon Aziza Chibane, directrice générale de l'Anem, la tendance s'est renversée durant le ce premier semestre 2010, car 50% des placements effectués concernent des universitaires. «Il s'avère que les recruteurs ont changé de vision. Ils préfèrent de nos jours recruter des personnes fraîchement diplômées afin qu'ils puissent les former dans les filiales déficitaires au niveau de leurs entreprises», estime Mme Chibane. Au total, 496 132 insertions ont été réalisées du 1er juin 2008 au 31 mars 2010. Ainsi, 153 897 insertions ont été faites dans le cadre d'un contrat d'insertion des diplômés (CID) qui concerne les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et les techniciens supérieurs issus des établissements de formation professionnelle. 126 356 jeunes sortant de l'enseignement secondaire, des centres de formation professionnelle ou ayant suivi un stage d'apprentissage ont été recrutés dans le cadre de contrats d'insertion professionnelle (CIP), alors que 215 879 jeunes sans formation ni qualification ont été recrutés dans le cadre de contrat de formation insertion (CFI). Par ailleurs, 14 300 jeunes ont bénéficié d'un recrutement dans le cadre du contrat de travail aidé (CTA), à l'issue de la période d'insertion. Dans le domaine de la formation dans le cadre du Daip, plus de 8000 primo demandeurs d'emploi âgés de 16 à 20 ans ont suivi une formation accélérée dans divers métiers en déficit. 91% des demandes sont faites par le secteur économique Dans le cadre de la régulation du marché de l'emploi par le rapprochement de l'offre et de la demande à travers le réseau de l'Anem, il a été enregistré une nette évolution dans les placements opérés auprès des opérateurs économiques du secteur public et privé. Le nombre de placements est passé de 64 092 en 2005 à 170 858 en 2009. Durant le premier trimestre 2010, il a été réalisé 41 175 placements. La forte demande de la part des entreprises est constatée chez le secteur privé, avec une forte prédominance dans le secteur économique avec un taux de l'ordre de 91%. Le secteur économique offre plus d'ouvertures de postes que l'administration, selon la directrice de l'Anem. La forte demande est enregistrée dans le secteur des transports et des télécommunications. Mme Chibane a relevé également dans ce même contexte l'existence de plusieurs métiers déficitaires tels l'hôtellerie, les prestations de service et le BTPH. D'ailleurs, elle a précisé que «l'agence en collaboration avec un organisme français Pôle emploi» est en train de préparer une nomenclature des métiers algériens qui permettra de faciliter la tâche et concevoir de près l'offre et la demande en termes d'emploi. 44% des demandeurs sont des femmes Pour ce qui est des primo demandeurs, on relève 44% des demandes de la part des femmes et 56% de la part des hommes. La forte demande de placement est constatée à Oran, suivie de Constantine. Blida vient en troisième position, suivie de Tizi Ouzou, et Alger occupe la cinquième position du classement, d'après Mme Chibane. Interrogé sur le temps moyen de placement, notre interlocutrice nous a expliqué que cela peut se faire en une journée, selon la disponibilité de l'offre. Le placement nécessite au maximum 21 jours. «Si au bout de 21 jours l'entreprise qui a besoin d'un recrutement ne trouve pas le profil recherché, elle peut se passer de l'Anem», indique Mme Chibane, qui précise : «nous faisons de notre mieux pour que le recrutement des jeunes se fasse à travers notre agence.» Mme Chibane nous a expliqué qu'il est pour le moment difficile de donner des statistiques fiables sur la quantification de la demande d'emploi enregistrée par l'Anem. L'opération d'informatisation de l'agence a été entamée il y a seulement quelques mois. «Nous sommes en train d'assainir le fichier national des demandeurs d'emploi et nous n'avons pas, pour le moment, arrêté de statistiques», précise Mme Chibane. L'Anem sera dotée d'un data center qui permettra d'avoir un temps réel d'inscription des demandeurs de placement et des demandeurs de recrutement. L'Anem envisage également de passer à l'inscription des demandes en ligne, comme cela se fait de par le monde.