L'ancien entraîneur national et membre de la glorieuse équipe du FLN, Hamid Zouba, ne ménage pas le patron actuel de l'EN, Rabah Saâdane, à qui il fait endosser la responsabilité des dernières contre-performances des Verts. Pour Zouba, la responsabilité de Saâdane est entière. Comment jugez-vous la prestation de l'EN contre la Slovénie ? Je pense qu'on a d'abord perdu trois précieux points qui étaient à notre portée. C'est dommage, car cette équipe de la Slovénie est la plus faible que j'ai vue depuis l'entame du Mondial. Dans ce genre de tournois, il faut engranger le maximum de points pour se qualifier au tour prochain. Notre équipe nationale arrive à produire du jeu, mais sans être tranchante et incisive sur le plan offensif. Si on produit du jeu, c'est pour avoir des occasions de but et pour être dangereux. Avoir le ballon ne veut pas dire le faire tourner seulement. Le plus important, c'est de bien l'utiliser dans la zone de franchise et dans la surface de vérité. Ce problème se pose encore dans cette équipe. A ce niveau, ça ne pardonne pas. L'EN n'arrive plus à progresser dans ce domaine ? On se pose justement beaucoup de questions. Je pense qu'il ne faut pas incriminer les joueurs. Le problème est dans la direction qui n'a vraisemblablement pas tiré les enseignements nécessaires des matches amicaux et de la situation des joueurs blessés pour faire jouer les plus en forme avec des orientations claires, bien définies, pour qu'il y ait production. Les joueurs sont là pour mettre en pratique ce qui a été décidé par le staff technique. On n'a rien vu sur le plan offensif. Il y a eu deux occasions sur balle arrêtée, celles de Belhadj et Halliche, et une autre sur un mauvais dégagement et une passe malheureuse du gardien de but adverse que Ziani a failli exploiter. Ce n'est pas suffisant. Un seul but a été inscrit, et sur penalty, en cinq matches de suite, c'est alarmant, n'est-ce pas ? J'ai dit précédemment qu'on n'a pas tiré les enseignements nécessaires des matches précédents pour arranger les choses et aller de l'avant. Notre équipe continue à jouer de la même manière. On n'a constaté aucun changement, aucune évolution. On s'arrête toujours dans les 30 mètres de la surface adverse. On sent que rien n'a été préparé à l'entraînement. Sur le terrain, ce sont les idées et les phases de jeu qu'on prépare à l'entraînement qui doivent revenir et défiler dans la tête des joueurs. Quand on les travaille, on les répète, on les garde forcément en mémoire. On a constaté malheureusement que rien n'a été fait dans ce sens. Cela n'arrange pas les choses pour les deux prochains matches. Et le plus difficile est justement à venir, car les Anglais et les Américains sont plus forts que les Slovènes... Les Anglais sont des compétiteurs. Ils vont mettre le paquet pour pouvoir se qualifier au second tour. Les Américains sont certainement gonflés à bloc après le nul arraché face à l'Angleterre. Ce sera vraiment délicat pour notre équipe. Nos joueurs promettent de tout donner lors des deux prochains matches... Cela ne veut rien dire du tout. Il est question de jeu, de possibilités et de mental. Certains joueurs ont déclaré également qu'ils vont se faire plaisir. Cela ne veut rien dire aussi à ce niveau de la compétition. Cela ne fait pas avancer. On ne peut donner le maximum que si on est contraints, obligés, que si on veut. C'est ça la réalité à ce niveau de la compétition. Saâdane ne cesse de dire que l'EN est en apprentissage… Les joueurs professionnels qui valent des milliards et qui touchent des primes en millions d'euros n'ont rien à apprendre. S'il avait pris des joueurs du championnat national, il aurait alors le droit de dire qu'on est en apprentissage. Dire qu'on est en train d'apprendre, c'est s'endormir et refuser de voir la réalité, les véritables problèmes. Les victoires enregistrées lors des éliminatoires ont caché toutes les insuffisances. Pour vous, la responsabilité du sélectionneur national est entière ? C'est clair. L'EN a à sa disposition le meilleur staff médical du monde et ne manque absolument de rien. La FAF fait des efforts énormes sur le plan organisationnel. Le problème réside dans le staff technique. Saâdane disait qu'il n'a besoin de personne à ses côtés. C'est faux. Il se trompe lourdement. Les meilleurs entraîneurs au monde, comme Mourinho et Wenger, sont entourés de techniciens. A ce niveau, il faut un staff bien étoffé. C'est une équipe nationale, pas un simple club. Un changement s'impose donc au niveau du staff technique national ? Le changement ne s'impose pas uniquement au niveau du staff technique national. C'est archi-faux. Le problème est plus profond, plus sérieux. Changer seulement le sélectionneur national ne fera pas avancer le football national qui a besoin d'un changement radical. Il y a des talents chez nous, dans toutes les régions, il faut seulement les dénicher et les prendre convenablement en charge. Il faut également former les entraîneurs et les formateurs. C'est ça le véritable travail à entreprendre.