Il paraît, si l'on en croit une déclaration de Rabah Saâdane, que l'équipe d'Algérie est en apprentissage en Coupe du monde. Convenons que l'entraîneur national a parfaitement le droit d'avancer un tel argument pour expliquer la défaite des Verts face à la Slovénie. On aurait, cependant, préféré qu'il soit plus direct et affirmer que tout compte fait, le costume de la Coupe du monde est un peu trop grand pour son équipe. On ne va pas à une grande compétition pour apprendre. A partir du moment où on s'y est qualifié, il faut savoir accepter d'y aller pour défendre crânement ses chances, et ce, même si on est appelé à subir des défaites devant plus fort que soi. Nous savons d'où cette équipe est venue. Nous savons aussi qu'il y a moins de trois ans elle était au fond d'un puits à la suite de très mauvais résultats qui faisaient qu'elle ne parvenait même pas à se qualifier à la phase finale de la CAN. Nous savons qu'elle ne disposait pas d'un championnat capable de lui fournir des joueurs performants. C'est d'ailleurs pour cela que l'on a été obligé de faire appel à des joueurs issus de notre émigration dont le moins que l'on puisse dire est que ce ne sont pas de véritables stars vu qu'ils évoluent dans des clubs de niveau moyen où ils ne sont pas toujours titulaires. Nous l'avions écrit ici même : cette double qualification à la Coupe du monde et à la CAN 2010, il ne fallait pas la prendre comme un gage de réussite de notre football qui reste, malheureusement, ancré dans sa médiocrité quotidienne. Et cette équipe ne pouvait répondre obligatoirement aux exigences d'une qualification aux 8e de finale du Mondial étant elle-même une sélection qui n'est là que grâce à un exploit qu'on ne réussit que très rarement. Voilà ce que Saâdane aurait dû dire en conférence de presse après que les Verts aient subi leur première défaite dans cette Coupe du monde plutôt que d'emprunter des chemins où il est question d'apprentissage. Pour tout ce que nous avons évoqué, nous n'attendons pas de cette équipe qu'elle aille en 8e de finale, sachant qu'il y a bien trop de choses importantes à faire dans notre football. Des choses qui lui permettent d'être bâtie à partir d'un effectif où le système de formation de ce football soit bien représenté. Un système à même de garantir à cette sélection de demeurer d'une façon pérenne au sommet de la hiérarchie du football africain et non pas épisodiquement. Les gens ont tendance à oublier qu'il y a peu cette équipe nationale était classée dans les environs de la 150e place du classement Fifa, témoignage de la déliquescence d'un sport au sein duquel les dinars coulaient à flots sans contrôle et sans de comptes à rendre, notamment au niveau des clubs. Quelques semaines avant de s'envoler vers la Suisse en compagnie de l'équipe nationale pour le stage de Crans Montana, Rabah Saâdane avait axé son discours sur le fait qu'il fallait regarder au-delà de la Coupe du monde et ce qui attend le football algérien pour se refaire une santé. Il aurait dû insister sur ce point dimanche soir plutôt que de philosopher sur un prétendu apprentissage que cette équipe nationale serait en train de subir. Nous le savons tous, il y aura bien un après-11 juillet, à savoir un lendemain à la Coupe du monde. A ce moment-là, la triste réalité du football algérien va refaire surface, notamment avec ces histoires de clubs qui usent et abusent de l'argent public pour l'achat de joueurs sans talent. C'est, à notre humble avis, bien plus important qu'un échec des Verts dans une compétition où nous savions d'avance qu'il leur est impossible d'y réaliser un miracle.