La situation des libertés syndicales est très critique l En dépit des mises en garde de l'Organisation internationale du travail (OIT), l'Algérie maintient toujours les dispositions législatives qui restreignent les libertés syndicales. En matière de libertés syndicales, l'Algérie demeure un mauvais élève. Le constat est déjà connu de tous et il vient d'être confirmé une nouvelle fois par une organisation internationale. Selon le dernier rapport annuel sur les violations des droits syndicaux, rendu public hier par la Confédération syndicale internationale (CSI), la situation des libertés syndicales en Algérie est très critique. Des textes législatifs à l'exercice du syndicalisme dans les entreprises publiques et privées en passant par le respect du droit à la grève et à la création d'un syndicat, le pays ne récolte que de mauvais points. Résultat : la CSI classe l'Algérie dans la liste des 40 pays qui restreignent le plus les libertés syndicales au monde.« Le gouvernement continue à se montrer intransigeant avec les syndicats autonomes des services publics, refusant d'entamer un dialogue social avec des organisations dont les actions de protestation ont été souvent interdites et réprimées », déplore l'organisation dans son document. La CSI relève, dans ce sens, le grand décalage entre les textes législatifs régissant le mouvement associatif en Algérie et la réalité du terrain. Elle critique aussi le caractère restrictif des libertés syndicales de ces textes, qui exigent des conditions strictes pour la création d'un syndicat. « Les travailleurs de nationalité algérienne ou acquise depuis au moins dix ans ont le droit de constituer des syndicats. Ils doivent cependant obtenir une autorisation préalable du gouvernement avant que ceux-ci ne soient opérationnels du point de vue juridique. La loi interdit aux syndicats de s'associer à un parti politique et de recevoir des fonds d'origine étrangère. Pour être enregistrés, les syndicats doivent présenter aux autorités une déclaration annonçant leur constitution et obtenir la reconnaissance officielle dans un délai de 30 jours. Un syndicat doit affilier au moins 20% des travailleurs d'une entreprise pour être reconnu comme représentatif. Les tribunaux ont le pouvoir de dissoudre un syndicat qui entreprend des activités illégales », relève le même document. Affaiblissement des syndicats autonomes Outre l'entrave des textes législatifs, la CSI dénonce également la violation du droit à la grève en soulignant que le gouvernement a été déjà rappelé à l'ordre par l'OIT. « Le gouvernement peut interdire une grève s'il estime qu'elle risque de provoquer une grave crise économique. Une disposition que l'OIT a, à maintes reprises, critiquée en demandant au gouvernement algérien de l'abroger », rappelle encore l'organisation. Durant l'année 2008, note encore le rapport, des syndicalistes et des syndicats autonomes ont subi une répression féroce. « Tout au long de l'année, d'innombrables grèves, sit-in et rassemblements organisés par les syndicats autonomes de la Fonction publique ont été réprimés par la police. De nombreux manifestants ont été molestés et arrêtés », regrette encore la CSI, qui dénonce également le refus d'agrément de nouveaux syndicats autonomes en exigeant de certains de leurs responsables de fournir au préalable la liste complète de leurs adhérents. « L'OIT a, à plusieurs reprises, rappelé au gouvernement qu'une telle requête contrevenait aux principes de la liberté d'association, vu qu'elle exposerait les membres au risque de discrimination antisyndicale », rappelle la CSI. Pour affaiblir les syndicats autonomes, lit-on encore dans ce rapport, les autorités recourent à un subterfuge pour les déstabiliser en créant des mouvements parallèles au sein d'une même organisation. « Plusieurs syndicats autonomes ont été dans la ligne de mire des autorités, qui multiplient les tentatives de les affaiblir en incitant et en soutenant des travailleurs à créer des organisations dissidentes », critique le rapport. Enfin, l'organisation dénonce aussi la faible implantation syndicale dans le secteur privé.