Certes, ses reniements historiques par rapport à la hauteur intellectuelle de ses premiers fondateurs l'ont surtout ramené à cultiver des rapports à l'Algérie où se sont alternées la mauvaise conscience et la mauvaise foi, mais il est resté dans le sérieux. Ce n'est manifestement pas le cas cette fois-ci. On ne lui connaissait pas non plus une vocation de pitre de quartier. Et pour tout dire, il a toujours fait les choses, plutôt avec talent. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. Le prétexte est tiré par les cheveux, le procédé grossier et pire – ou mieux – le résultat lamentable. Le prétexte, la Coupe du monde de foot et le match perdu par la sélection algérienne contre la Slovénie. Le procédé, ironiser sur l'équipe en faisant défiler un à un ses joueurs précédés chacun d'une note sur dix. Morceaux choisis : Madjid Bouguerra, un videur de boîte de nuit mamelu, Karim Ziani, un nain à faire de son short un pantacourt, Saâdane, un horrible moustachu à renvoyer dans son bled perdu, Halliche, un «honnête joueur de pétanque» qui s'est trompé de terrain et Hassan Yebda, le meilleur de son équipe uniquement parce qu'il n'a pas d'équipe. Le résultat enfin : Libération n'a fait rire personne. Mieux – ou pire – il a soulevé le courroux de milliers d'Algériens qui ne pouvaient pas y voir autre chose qu'une haine inexplicable envers une sélection qui n'est sûrement pas la pire du tournoi. Mais dans ce «papier» il n'a jamais été question de foot, sinon Libé aurait pu en parler comme il doit savoir le faire. Pas question d'humour, non plus, on en aurait ri de bon cœur. C'est vraiment raté. Tellement raté qu'on ne peut même pas dire qu'ils ont été un peu loin les auteurs de cette trouvaille, facile il est vrai : «Libéraciste». S. L. apaisée qui l'a souvent situé à un autre niveau d'information et d'appréciation des événements.