Rabah Saâdane s'exprime et dit ses vérités. Qui ne sont pas forcément celles des autres. Il ne fait aucun doute que depuis le match contre la Slovénie, le nombre de gens qui sont devenus contre l'entraîneur national s'est considérablement accru. Ils lui reprochent une approche pas très judicieuse avant et pendant les matches, voire même pour certains, de l'incompétence. Le Saâdane que l'on adorait et que l'on respectait s'est soudainement transformé en un être aisément critiquable et soumis à toutes sortes de réprimandes. Il est incroyable que l'on puisse brûler avec une telle facilité ce qu'on aimait il n'y a pas si longtemps. Ce Saâdane-là est sûrement quelqu'un qui doit être plein de défauts. Comme tous les êtres humains finalement. Il faut, cependant, lui reconnaître des qualités. Il y a lieu de rappeler que quand on l'avait nommé entraîneur national en 2007, l'équipe nationale sortait d'une élimination de la CAN 2008. Cet homme-là avait pris une sélection dans le gouffre et il s'était engagé à lui redonner, petit à petit, ses lettres de noblesse avec avant tout une qualification à une phase finale de la CAN. C'était déjà beaucoup, compte tenu du niveau de cette équipe nationale et du plus que médiocre football qu'elle était censée représenter. Cela pour dire que la Coupe du monde relevait du mirage, du rêve pour ainsi dire, une compétition ouverte aux autres nations et certainement pas à l'Algérie. Rabah Saâdane a fini par mener cette équipe moribonde vers le Mondial. On a, alors, exigé de lui qu'il la qualifie au deuxième tour. Rendez-vous compte. Une sélection qui nageait dans la gadoue il y a deux ans, qui se retrouve parmi les 32 meilleures équipes du monde et en qui on voit un Onze capable d'aller au-delà du premier tour de la Coupe du monde. Rien que cela. Il est évident que si les Verts venaient à passer ce fameux premier tour, les exigences porteront sur les quarts de finale, ensuite pour les demi-finales et, pourquoi pas… On vous laisse deviner la suite. Le phénomène auquel on assiste aujourd'hui est un remake de ce qui s'était passé il y a 24 ans de cela quand les Verts avaient été éliminés dès le premier tour de la Coupe du monde au Mexique. Remake parce qu'à ce moment-là, l'entraîneur était le même Rabah Saâdane qui est aux commandes du staff technique de l'équipe nationale aujourd'hui. Et en 1986, Saâdane avait été adulé pour avoir mené l'équipe nationale en Coupe du monde avant d'être descendu en flammes après l'élimination des Verts. Les critiques avaient dépassé les limites de l'acceptable puisqu'elles avaient touché même les proches de l'entraîneur national dont on avait dit qu'ils avaient été menacés. Depuis le match contre la Slovénie, c'est le sentiment de 1986 qui ressurgit. Saâdane est attaqué de partout. On le vilipende et on l'accuse d'avoir sabordé les Verts. Si ces derniers venaient à échouer lors de leurs deux prochains matches, que va-t-il advenir du coach national ? Va-t-on l'immoler en place publique ? Va-t-on l'exiler loin du pays ? Dommage que ça prenne une telle tournure à l'encontre d'un homme qui a dû subir une pression terrible depuis des mois pour tenir la route. Saâdane a dû commettre des erreurs, ce n'est pas une raison pour lui en vouloir à ce point. On se doit d'éviter le scénario de 1986 car finalement, on n'a affaire qu'à du football, c'est-à-dire un jeu. Si on estime que l'entraîneur national a échoué et qu'il doit s'en aller, qu'on le mette face à l'obligation de remettre sa démission. Cela ne doit pas aller au-delà. Alors qu'on cesse ces critiques qui ne font que jeter de l'huile sur le feu et attiser un sentiment de haine envers le coach national qui est, somme toute, un Algérien comme les autres, avec ses qualités et ses défauts. Un homme qui mérite qu'on le respecte.