Après quelques semaines de répit, la wilaya d'Alger relance le programme d'éradication «progressive» de l'habitat précaire lancé à la mi-mars. Dans un communiqué rendu public jeudi, le cabinet de la wilaya a annoncé le relogement, demain matin, de 607 familles issues de 11 sites et réparties sur trois communes, à savoir Chéraga, Staouéli et Ben Aknoun. Les autorités, selon le communiqué, ont prévu la mobilisation de plus de 2000 ouvriers manutentionnaires, 1120 camions et 43 bus pour «le transport des familles». Mais pour aller où ? Le cabinet du wali Mohamed Kébir Addou ne précise rien à ce sujet. En fait, dans les sites concernés par le recasement, la population demeure dans l'expectative la plus totale concernant leurs communes d'accueil. Le problème se pose avec acuité dans le site des Deux bassins de Ben Aknoun qui est attenant au siège de l'APC. Ici, jusqu'à hier après-midi, les autorités n'ont pas informé la population de leur transfert vers d'autres cités. «Nous avons effectivement entendu des rumeurs de ce genre. Mais il n'y a rien d'officiel. Aucun responsable de l'APC n'est venu nous en informer», ont indiqué, inquiets, plusieurs habitants au Temps d'Algérie. C'est que, à Ben Aknoun, l'opération risque de ne pas avoir lieu. Dès maintenant, une partie de la population s'y oppose avec détermination. La tension est dans l'air. La wilaya, dans son communiqué, a fait état du relogement de 113 familles vivant sur un seul site qualifié de «bidonville». Le «bidonville» est en réalité constitué de chalets entourés de baraques en parpaing. Les chalets abritent 39 familles. A l'origine, 18 familles habitant de vieilles maisons à la Concorde (Bir Mourad Raïs) y avaient été installées en 1980. Elles étaient provisoirement transférées dans le cadre du projet de construction de la première rocade sud d'Alger (Der El Beida-Zéralda). En 1995, elles auraient obtenu de la wilaya un désistement sur le terrain occupé qu'elles ont partagé en lots. Au final, les concernées ont saisi la justice demandant à ce que la qualité de propriétaire leur soit reconnue. «Nous sommes en justice, je ne vois pas pourquoi la wilaya cherche à nous mettre devant le fait accompli», s'interroge-t-on. Les baraques ceinturant les chalets datent des années 1990. Elles servent de lieu de résidence à plusieurs employés de l'APC de Ben Aknoun. Pour eux, l'opération est la bienvenue ! Le Club des pins fait sa toilette A, Chéraga et Staouéli, l'opération de recasement touche 494 familles issues de 10 sites (494 familles). Les bidonvilles en question ont cette particularité d'être situés aux alentours de la résidence d'Etat de Club des pins. A Staouéli, plus précisément au quartier Les abattoirs, 121 familles vont définitivement quitter leurs baraques. Celles-ci sont construites depuis quelques années derrière le mur de clôture de la résidence. «Elles ont vu le jour au même moment que le nouveau quartier des Abattoirs», précise-t-on. Le nouveau quartier des Abattoirs était destiné à accueillir, dès la fin des années 1990, des citoyens de Staouéli en quête de logement. A présent, au contraire, l'endroit, toujours à l'état de chantier, est constitué de villas et de résidences occupées par des cadres et des députés, signale-t-on. Une fois achevés, les travaux de construction des habitations et les aménagements extérieurs vont céder la place à un quartier résidentiel où la présence des baraques est très mal vue. On y pense donc dès maintenant. Bien qu'éparpillées sur 9 sites, implantés à proximité de la résidence d'Etat, les familles de Chéraga sont les plus grandes bénéficiaires de l'opération en cours. En tout, elles sont 373 familles à être transférées vers de nouvelles cités.