Alors que l'Algérie toute entière attendait avec impatience le match entre son équipe nationale et celle des Etats-Unis pour le compte de la Coupe du monde, une bien triste nouvelle est tombée. Elle concernait le décès d'un grand monsieur du football algérien et du football tout court, Mokrane Oualiken. Avec lui disparaît tout un pan de l'histoire de ce sport tant sa présence lorsqu'il était actif avait été déterminante et ô combien positive. Mokrane Oualiken avait été de ceux qui en 1958 avaient sacrifié gloire, argent et renommée pour l'amour de la patrie. Il avait été de ceux qui avaient bravé la puissance coloniale pour rejoindre Tunis où avec ses camarades il allait faire partie de la glorieuse équipe du FLN. Né le 6 avril 1933 dans ce qui aura été jusqu'à sa mort son quartier de toujours, à savoir Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, Mokrane Oualiken avait été un footballeur de très bon niveau. Evoluant au poste de milieu offensif gauche, il avait tout normalement débuté sa carrière dans le club de l'ES Ben Aknoun (1945 à 1950) avant d'opter pour le Mouloudia d'Alger avec lequel il avait joué deux saisons (1951 et 1952). Après un bref passage au club de la Corporative d'Hussein Dey, il avait atterri au club sport et travail de la FSGT de Saint Denis en France (1953-54). Ce fut ensuite le club du FC Tours qui l'accueillit (1955). Sa carrière le mena par la suite au LB Chateauroux (1956) puis au FC Chartres (1957). C'est au Nîmes Olympique, entre 1957 et 1960, qu'il connut ses heures de gloire en tant que joueur professionnel puisqu'il fut sacré trois fois de suite vice-champion de France. En 1960, alors qu'il était au sommet de sa gloire, il choisit de fuir la France pour répondre à l'appel du FLN. Il rejoignit ainsi Tunis d'où débuta la formidable épopée de l'équipe du FLN. Quand l'Algérie accéda à l'indépendance en 1962, Oualiken ne repartit pas en France mais opta pour son pays où il joua une année au Mouloudia d'Alger avant de signer à l'USM Alger, club dans lequel il termina sa carrière de joueur en 1969. Ayant été entraîneur-joueur dans ce denier club, Mokrane Oualiken devint tout naturellement entraîneur à plein temps dès 1969 et driva successivement les clubs de l'USH Alger, de l'ES Ben Aknoun et de la JS El Biar. En 1977, il prit en main la DNC ANP, un club qu'il trouva en division 2 et qu'il mena en division 1 en 1985 après avoir remporté la Coupe d'Algérie avec lui en 1982. Sous sa direction, la DNC ANP devint l'un des meilleurs clubs du pays et put même prendre part à la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupes. Après un bref passage au MC Alger (1990), il rallia le Burkina Faso dont il entraîna l'équipe nationale durant deux années (1991 et 1992). Ce fut là sa dernière expérience d'entraîneur. Un entraîneur qui a contribué à l'émergence de quelques-uns des plus grands footballeurs du pays. En cette pénible circonstance, le collectif du quotidien Le Temps d'Algérie s'adresse à sa famille à laquelle il présente ses condoléances les plus attristées et l'assure de sa profonde compassion.