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Kouadria tient Sidi Saïd pour responsable de l'échec du mouvement Fin de la grève et démission du secrétaire général du syndicat des métallos d'ArcelorMittal
C'est avec un énorme ressentiment et une profonde frustration que les travailleurs d'ArcelorMittal ont interrompu leur mouvement de grève jeudi. Ils ont dû rejoindre leurs postes après que le secrétaire général du syndicat d'entreprise lui-même, surpris de la tournure brutale des événements, les ait informés de la décision des instances UGTA locales (union territoriale et union de wilaya) de surseoir, toute affaire cessante, à leurs revendications, ceci afin de «privilégier l'intérêt général». Dans un communiqué signé par Mohamed Tayeb Hmarnia, secrétaire général de l'union de wilaya et membre du bureau national de l'UGTA, il a été demandé aux cadres du syndicat et aux travailleurs d'ArcelorMittal El Hadjar de reprendre le travail et ainsi «respecter les instructions du secrétariat national et donner sa chance à la voie du dialogue à l'effet de faire valoir leurs revendications à travers les voies réglementaires». Avant d'annoncer sa démission de son poste et obtempérant à cet appel pressant, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, a déclaré qu'il n'a «d'autre alternative que de se soumettre à la décision de l'instance suprême du syndicat UGTA, en tant que militant discipliné, tout en ne l'approuvant pas» parce qu'elle intervient, affirmera-t-il, juste au moment où l'employeur avait montré des dispositions pour revenir à la table des négociations. Ce qui, à ses yeux, aura été «un coup de poignard dans le dos porté par ceux-là mêmes qui l'ont encouragé à aller de l'avant dans le bras de fer qui oppose le syndicat à la direction au sujet de la plateforme de revendications socioprofessionnelles, restée ainsi en suspens malgré trois pénibles jours de grève. «L'accord sur la revendication salariale, objet de la grève, était en passe d'être signé», soutient encore Kouadria. Il en veut pour preuve les engagements écrits de Vincent Le Gouic contenus dans sa lettre de mercredi et par laquelle ce responsable énonçait les grandes lignes du programme des discussions socioprofessionnelles d'ArcelorMittal Annaba pour 2010. Selon ce document dont Le Temps d'Algérie détient une copie, des discussions sur les salaires en 2011 devraient être engagées entre la direction et le partenaire social après l'assemblée générale des actionnaires d'ArcelorMittal Annaba prévue au plus tard début juillet pour approuver les comptes de l'exercice 2009. Les pourparlers à venir pourront inclure, est-il écrit plus loin, d'autres volets de la politique de rémunération d'ArcelorMittal Annaba, après accord des deux partenaires (échéancier inclus) avant la fin de l'année 2010». Un échéancier qui reste cependant «conditionné par la performance industrielle et économique de l'entreprise et par sa fiabilité sociale». La direction de la filiale algérienne d'ArcelorMittal s'engage à ce que des discussions soient entamées «à partir d'octobre 2010 sur l'aménagement à apporter à la convention collective d'entreprise ArcelorMittal Annaba (régimes indemnitaires, primes de poste, primes de nuisance, primes d'astreinte)». Et c'est ce qui ulcère Smaïn Kouadria, qui dit avoir été arrêté net dans son élan alors que ses camarades et lui-même étaient si près du but. Ce sentiment de frustration, il l'impute au premier homme de l'UGTA au niveau national. A Sidi Saïd qui l'aurait, d'une certaine manière, trahi, déplore-t-il, en «optant curieusement pour l'usage des voies réglementaires pour faire valoir les revendications légitimes des travailleurs», ceci en sachant pertinemment que c'est ce qui a été fait par les représentants syndicaux en se faisant assister par un huissier de justice et en tenant toutes les autorités au courant de chaque étape de la procédure de concertation. Ceci malgré la médiation de l'inspection du travail et l'intervention personnelle du wali d'Annaba et celle toute récente de MM. Rachid Aït Ali et Telli, qui sont les deux collaborateurs directs du patron de la centrale UGTA. L'employeur refusait alors, faut-il le rappeler, toute négociation, si ce n'est le respect de l'échéancier proposé lors des précédentes discussions à ce sujet et réitérées par écrit dans une lettre de Vincent Le Gouic adressée aux salariés. Par dépit donc, Kouadria a annoncé sa démission de son poste de secrétaire général en laissant le soin à sa tutelle et à la direction de gérer ce conflit pour avoir livré le partenaire social «pieds et poings liés à l'employeur, qui n'en demandait pas tant».