La viande blanche n'est pas à la portée de tous les ménages : à 720 DA le kilo de dinde, elle rejoint le camp de la viande rouge qui ne connaît point de baisse. La viande blanche est considérée comme le produit de luxe des petites bourses. Mais à voir les prix pratiqués par les bouchers-volaillers, le citoyen ne peut que se rabattre sur le surgelé. A Magtaâ Kheira, dans la commune de Douaouda, le kilo de dinde est cédé à 650 DA. «C'est le moins cher du marché car ici, la majorité des vendeurs sont aussi éleveurs», explique Réda, qui tient un étal au marché de volaille de Magtaâ Kheira. «Les tranches d'escalope sont à 650 DA, la cuisse à 360 DA et la carcasse à 270 DA», précise notre interlocuteur qui ajoute : «Il y a cinq jours, le prix du kilo d'escalope était de 480 DA, cette montée en flèche est due au manque de marchandise, la dinde se fait rare, selon nos fournisseurs, d'où la spéculation sur ce produit». Le lieudit Magtaâ Kheira est connu pour ce commerce. Un éleveur auquel nous avons rendu visite nous dresse ce constat peu reluisant : «Je suis à ma dixième année d'exercice et je peux vous assurer qu'à ce jour, je n'ai reçu aucune aide de l'Etat, je me prends en charge sur tous les plans», assure-t-il en renchérissant : «Quand vous payez un quintal d'aliment à 3800 DA et au bout du troisième vous ajoutez de l'orge qui est à 2000 DA le quintal, je pense que si nous vendons à 1000 DA le kilo, c'est très bon». L'éleveur nous affirme que les transformateurs de l'aliment de bétail sont derrière cette flambée : «Ils prennent plus que leur marge, et c'est dommage pour le consommateur parce qu'en dernier lieu, c'est lui qui paye la facture.» Les spécialistes de l'aliment de volaille et de bétail rejettent la balle dans le camp des vendeurs de détail (bouchers). Ils disent que les coûts de transformation sont devenus trop onéreux, et qu'ils ne peuvent y faire face seuls. «Le cycle de transformation est, en plus d'être compliqué, trop cher, notre marge nous la récupérons des revendeurs de dinde. Laissez-moi vous dire aussi que l'Etat est absent et les spéculateurs de tout genre font la loi», nous dit-il. Quant au poulet, ce dernier a connu aussi une flambée, imitant le cours de la dinde. Le prix de cette viande varie selon les quartiers entre 270 et 300 DA le kilo. La viande blanche connaîtra, selon ces différents acteurs, une hausse plus importante encore à la veille du mois sacré de Ramadhan. «Les prix vont encore augmenter dès le premier jour de Ramadhan. Les citoyens qui ne peuvent s'offrir la viande rouge vont se ruer sur la viande blanche, et plus spécialement la dinde». «Les spéculateurs se frottent déjà les mains puisque personne ne peut les empêcher de dépouiller le client algérien», a expliqué un spécialiste de l'agroalimentaire.