Quoique adoptée à l'APN et cautionnée par la majorité des députés présents lors de la séance plénière de l'APN, la nouvelle loi sur l'exploitation des terres agricoles relevant du domaine de l'Etat totalisant une superficie estimée à 2,5 millions d'hectares suscite des critiques plus ou moins acerbes des députés et partis politiques siégeant à l'hémicycle. Dans une correspondance intitulée «Un projet de loi au-dessus des enjeux», cosignée par les députés Tarik Mira et Ali Brahim, ces derniers déplorent le fait que dans la nouvelle loi «le nécessaire remembrement des exploitations qui conditionne toute politique de grande production est laissé à l'état aléatoire». Dans la nouvelle loi sur l'exploitation des terres agricoles, le droit de concession au profit d'un seul exploitant est accordé sur une période de 40 ans, ce qui fait obstacle, selon ces députés, à l'investissement dans le domaine de l'agriculture qui souffre, ont-ils insisté, «d'une démagogie populiste et de la gestion bureaucratique, antithèses du marché et de l'attachement biologique du paysan à sa terre nourricière». Au sujet du principe de la concession, les deux députés considèrent qu'il s'agit «d'une sujétion administrative qui soustrait aux lois du marché et qui vise à reproduire le clientélisme de catégories sociales établies aussi improductives que prédatrices». De son côté, le député Mohamed Hadibi, de la formation Ennahda, estime, pour sa part, que l'octroi du droit de concession sur une période de 40 ans fait courir le risque de voir les terres agricoles exploitées par des groupes de pression, tout comme le bénéficiaire de ce droit pourrait tout bonnement le brader à d'autres personnes au détriment de l'intérêt national. Le même député considère en outre que la nouvelle loi se faisant jour dans le secteur de l'agriculture n'apporte aucune solution «aux habitations érigées sur des terres agricoles représentant un sérieux problème digne d'une véritable bombe à retardement». Le même représentant du peuple se désole aussi du fait que la loi sur l'exploitation des terres agricoles relevant du domaine de l'Etat ait omis d'apporter davantage de précisions se rapportant à la politique nationale de sécurité alimentaire.