«Les jeunes diplômés sont mal formés dans les universités, manquent de confiance et sont mal orientés.» C'est ce que explique Louiza Hallou, consultante à Solic Algérie, cabinet de conseil en ressources humaines et recrutement. Les ressources et la formation restent pour les entreprises les deux paramètres fondamentaux pour maintenir leur compétitivité sur le marché. Pour notre interlocutrice, «il faut remonter dans le temps pour comprendre les difficultés de recrutement des jeunes diplômés pour accéder au marché de l'emploi». Elle estime que «le niveau universitaire reste très faible en Algérie et les programmes d'enseignement dispensés ne sont plus compatibles avec la conjoncture actuelle». Ils sont obsolètes. «Les étudiants algériens n'ont pas reçu une solide formation de base, même si beaucoup d'entre eux ont un niveau de bac +5», regrette-t-elle. Face à ce constat, elle pense que le choix des chefs d'entreprise d'opter pour la recherche de profils expérimentés est plus ou moins justifié, puisqu'il y va de la crédibilité de leur établissement. Dans une économie globalisée, les entreprises ne voudraient pas perdre du temps à former les nouvelles recrues. Elles privilégient un profil expérimenté, puisqu'il serait capable de doubler son travail. Importance du français La plupart des jeunes diplômés d'aujourd'hui ne maîtrisent pas la langue française, alors qu'elle reste un outil d'intégration plus que nécessaire pour accéder au marché du travail. La langue de Molière est aussi un atout majeur pour mener à bien les entretiens qui peuvent avoir lieu entre le candidat et le responsable du recrutement d'une entreprise. Le français est aussi important pour rédiger les CV et les lettres de motivation qui, pour la plupart des cas, ne sont pas écrits convenablement. Le déficit en langue française représente l'une des premières insuffisances. Mme Hallou avoue d'autre part que durant les entretiens téléphoniques qu'elle opère avec de jeunes diplômés, beaucoup d'entre eux ne cherchent pas à savoir si des formations de perfectionnement seront offertes et quelles seront les chances d'évolution dans tel ou tel poste d'emploi. «Les premières questions qu'on me pose sont en majorité relatives au salaire et les horaires de travail.» Pour elle, «ce genre de questions est à éviter (…). Normalement, un jeune diplômé doit accepter le premier emploi qu'on lui propose, le temps d'évoluer durant les deux premières années et par la suite exiger un salaire plus conséquent. L'objectif est de l'intégrer professionnellement». Le complexe Une importante partie des jeunes diplômés développe un certain complexe lors des entretiens. Mme Hallou préconise pour y remédier la consultation de spécialistes en ressources humaines, qui peuvent orienter et former les jeunes diplômés à mettre en avant leurs capacités et comment convaincre les entreprises afin d'être recrutés. C'est l'une des premières raisons des exigences des chefs d'entreprise qui est due en partie aux lacunes observées chez les nouveaux diplômés. Toutefois, Mme Hallou estime qu'il n'est pas trop tard pour récupérer les centaines de diplômés restés au chômage. Elle pense qu'en leur offrant une formation plus pointue dans des domaines précis, ils peuvent postuler à des postes d'emploi sans le moindre complexe et avec une plus grande confiance, car ils auront comblé le déficit. «Les entretiens entre le cabinet de ressources humaines et le jeune diplômé peuvent révéler la personnalité du candidat. La récupération peut en outre s'effectuer en lui donnant le poste d'emploi adéquat à son tempérament», explique-t-elle. «Il existe aussi un manque de communication entre les cabinets de ressources humaines et les jeunes diplômés. La culture de consulting de cabinets en question n'est pas ancrée dans notre pays», indique-t-elle.