Les critères de recrutement dans les entreprises du secteur public ne répondent pas à l'exigence de talent et de compétence, déplore Allaoua Nedjaï, dirigeant de RH Partners, cabinet de recrutement spécialisé dans l'approche directe de cadres à l'international. « Au sein des entreprises publiques, on développe une sorte de caste. Il existe d'autres critères de recrutement qui rentrent en jeu. Il y a une certaine déviance qui s'est opérée parce que les gens ont été habitués à rentrer dans les entreprises par l'intermédiaire d'un ami », a-t-il affirmé hier dans une déclaration à El Watan, en marge de la tenue à Alger d'un séminaire international sur la gestion des ressources humaines, organisé en collaboration avec World Trade Center Algeria. Selon lui, l'entreprise publique a deux choix : changer « ses pratiques » ou courir le risque de disparaître. « L'entreprise se privatise. On va leur demander des résultats. L'entreprise algérienne, du fait de l'arrivée de l'entreprise privée, devrait penser à travailler d'une façon plus innovante, sinon elle va mourir (…) La fuite des talents continuera tant que ces mêmes entreprises ne s'adaptent pas aux exigences du marché », analyse-t-il. Interrogé sur les difficultés que rencontrent les entreprises nationales à dénicher « l'oiseau rare » parmi le bataillon de diplômés, M. Nedjaï plaide un travail de réforme et d'adaptation des contenus des programmes aux besoins des entreprises. « Il faudrait mobiliser les entreprises pour accueillir dans de bonnes conditions les diplômés sur des périodes suffisamment longues. Le gouvernement doit favoriser également l'apprentissage des managers », explique-t-il, en rappelant l'expérience du Canada et de la France en matière d'apprentissage et de formation continue. Philippe Pierre, consultant dans le domaine des ressources humaines, souligne, pour sa part, que les entreprises algériennes trouvent des difficultés à fidéliser leurs « talents ». Pour y remédier, il estime que ces entreprises devraient entretenir des relations avec les universités et les grandes écoles. « Il faut encourager les managers à enseigner pendant leur carrière dans les universités et créer ensemble des projets pour comprendre le marché, analyser la concurrence et mieux optimiser son processus de production », plaide-t-il, en mettant l'accent sur la nécessité d'avoir une approche systémique de la gestion des ressources humaines à travers le recrutement, la gestion des carrières et la formation. Notons, par ailleurs, que les travaux du séminaire n'ont pas drainé grand monde (juste une dizaine de présents), alors que les organisateurs tablaient sur une participation importante. « La gestion de la ressource humaine, pourtant un élément essentiel dans le développement d'une l'entreprise, semble être le dernier souci des patrons », regrette un organisateur.