La gestion des ordures pose un réel problème d'environnement à Oran et les nombreuses décharges sauvages signalées dans différentes localités de la wilaya sont là pour témoigner de la gravité de la situation qui risque de devenir une bombe à retardement prête à exploser à tout moment. Le problème est d'ordre multiple et ne se limite pas aux ordures ménagères confiées à la décharge publique d'El Kerma. La véritable menace provient des déchets industriels et hospitaliers qui ne bénéficient pas d'un traitement spécifique au niveau de la décharge publique, appelée à fermer ses portes avant la fin de l'année après la mise en service des centres d'enfouissement technique de Hassi Bounif et El Ançor. La wilaya d'Oran génère un volume annuel de 5000 tonnes d'ordures tous types confondus. Cette moyenne connaît, à chaque mois d'août, un pic qui atteint les 300%, affirment les responsables du service d'hygiène de la wilaya. Actuellement, la collecte a été confiée à l'Epic Oran propreté qui a signé des conventions de prestation de services avec plusieurs collectivités de la wilaya. Cette entité économique est appelée à jouer un rôle prépondérant dans la collecte, le traitement et la récupération des ordures, notamment industrielles et ménagères. La réalité du terrain, un problème réel Toutefois, malgré la bonne volonté de son staff dirigeant, son plan de développement est contrarié par la réalité du terrain. Plusieurs opérateurs économiques, basés dans les zones industrielles ou dans les zones d'activité ne jouent pas le jeu. La direction de l'environnement de la wilaya qui a dressé un constat alarmant, notamment pour la zone d'activité de Hassi Ameur et Bir El Djir a tiré la sonnette d'alarme en évoquant une catastrophe écologique qui menacerait la wilaya d'Oran. Des procès verbaux de carence ont été adressés à plusieurs entreprises classées comme exerçant des activités polluantes. Ces dernières sont sommées de se conformer aux dispositions de la loi concernant les rejets industriels. «Allez voir la situation de l'environnement à Hassi Ameur où les rejets de quelques entreprises se déversent dans la nature. A Bir El Djir, une entreprise de marbre n'a pas trouvé mieux que de se débarrasser de la boue de marbre dans la nature. Nous leur avons enjoint de se conformer aux lois et nous attendons qu'ils obtempèrent», dira une source de la direction de l'environnement. L'incinérateur de l'hôpital insuffisant L'autre problème a trait aux déchets hospitaliers. L'incinérateur de l'hôpital d'Oran n'arrive pas à traiter le volume des rejets. Ceci a poussé les services de l'environnement à soulever ce problème. «Au niveau de la décharge publique, nous avons retrouvé à plusieurs reprises des déchets hospitaliers. Les ouvriers qui y travaillent sont souvent menacés dans leur intégrité physique. Peut-être qu'avec l'ouverture des cinq centres d'enfouissement technique prévue à Oran, le problème trouvera une solution», affirme la même source. Concernant la collecte des ordures ménagères, un grand effort devra être fourni pour débarrasser Oran des nombreux points qui y sont signalés. La mission confiée au service hygiène et assainissement, à l'entreprise Oran propreté et à quelques petites entreprises créées dans le cadre de l'emploi des jeunes a montré ses limites. Il est nécessaire de mettre sur le terrain des moyens, surtout matériels, pour débarrasser la ville des ordures qui jonchent les entrées des cités. «Oran propreté a mis en service de nouvelles bennes tasseuses, tout comme les services de nettoiement. Mais ces moyens ne permettent pas de collecter les ordures de toutes les communes de la wilaya. De plus, les entreprises de jeunes ne sont pas dotées de matériel adéquat pour une collecte intensive, ce qui rend leur contribution modeste dans cette opération», affirme une source de la commune qui précise que mis à part les déchets ferreux qui bénéficient d'une véritable attention, le secteur privé n'a pas encore investi le terrain de la récupération qui reste encore en friche.