Le sourire éclatant de Mme Hillary Clinton a-t-il tendance à disparaître, laissant place à un fréquent froncement de sourcils ? Décidément, l'été ce n'est pas la saison qui lui convient le mieux. Certes, l'ordre de marche de l'armée vénézuélienne jusqu'à la frontière avec la Colombie ennemie ou le remue-ménage nord-coréen peuvent provoquer de tels plissements sur le front de la patronne du Département d'Etat US mais vu leur profondeur, c'est d'un tout autre souci majeur dont il s'agit. Et si c'était la Russie qui vient de s'opposer fermement à l'indépendance du Kosovo ? Il ne peut en aucun cas s'agir d'elle. Du moins, pas directement. Car, non seulement le président Medvedev se fait à présent taxer de porte-parole des ennemis de l'Iran par le président Ahmadinejad mais le Kremlin s'est dit également prêt à reprendre sa coopération militaire avec l'Otan. Reste à chercher la raison du sentiment de scepticisme total chez Mme Clinton du côté du Congrès américain. Celui-ci vient justement de refuser une rallonge budgétaire pour la poursuite de la guerre préventivement interminable en Afghanistan. Tout comme le gouvernement de Londres, celui de Washington est ainsi prié de revoir ses dépenses militaires à la baisse. Trop c'est trop, les contribuables américains et britanniques ne sont plus en mesure de supporter la salinité de la facture. D'autant, qu'au-delà du fait de la sécurité intérieure à chacun des deux alliés, les opinions publiques ne voient rien venir des deux fronts de guerre. En Irak, cela fait des mois et des mois que les ténors de la scène politique irakienne enchaînent les rencontres publiques et secrètes mais sans résultats concluants. La formation d'un futur gouvernement de coalition reste aussi aléatoire que l'alimentation en électricité dans l'Irak post-Saddam. Quant à l'Afghanistan, le président Karzaï et ses protecteurs étrangers seraient en train de toucher le fond. Après des élections générales, entachées de fraudes massives (Kaboul n'est pas Paris), voici que Mme Clinton insiste auprès du gouvernement afghan pour qu'il tende plus la main vers les talibans dits modérés. Autrement dit, ceux qui croient en une solution politique. Il faudrait d'abord les retrouver pour leur proposer un projet de réconciliation qui a du mal à tenir sur ses deux jambes. L'échec de toutes les tentatives de démocratisation ayant été avoué, les restrictions budgétaires recommandées tout récemment préparent-elles le terrain pour l'annonce de l'échec de la stratégie militaire ? Soit, une défaite historique pour les gouvernements d'Obama et de David Cameron qui ne feront, en vérité, que récolter ce que leurs adversaires politiques respectifs ont semé en Irak et en Afghanistan ? Ce qui a laissé dire à des analystes que la déclaration du vice-Premier ministre britannique, à propos de l'illégitimité de la guerre en Irak, n'a pas été qu'un simple avis personnel. Mais plutôt un rappel aux aventuristes en chef qu'ils demeurent les seuls et uniques responsables de la marche sur Baghdad et sur Kaboul. Et que si les fidèles à W. Bush et Tony Blair tentent aujourd'hui de brouiller les combinaisons des coffres, cela ne changerait en rien l'identité des va-t-en guerre. Ni celle de ceux qui risquent d'être prochainement déclarés comme les vaincus des guerres préventives. Pourtant, la défaite annoncée par le manque de sous serait dans son ensemble celle de tout un empire… en crise perpétuelle.