Après la concession faite sur le bouclier antimissiles US en Europe, Washington va encore plus loin vis-à-vis de la Russie. Avant de commencer de fermer les yeux sur tout ce qui pourrait émaner comme contre-pouvoir du camp de l'opposition russe, le gouvernement de Washington s'était-il assuré d'un repositionnement Quitte à être taxée de «naïve», son administration est en train de mettre le paquet pour que Moscou accepte le régime de sanctions renforcé contre la République islamique d'Iran que l'Occident prévoit d'imposer au début de l'année prochaine. L'Amérique d'Obama s'est engagée devant Dieu et les hommes de ne plus critiquer publiquement la Russie, accusée d'être peu regardante sur la question des droits de l'homme. Preuves de l'engagement américain, Hillary Clinton s'est limitée lors de son escale à Moscou à des entretiens avec la société civile. L'opposition, qui a dénoncé des irrégularités aux dernières élections locales, a été sciemment invitée à rester à la maison. Quoique jouer aux échecs contre Kasparov peut s'avérer parfois ennuyeux. L'Amérique d'Obama n'est plus celle de W. Bush. Mme Condoleezza Rice n'est plus là pour chausser ses escarpins et aller booster l'opposition anti-Poutine aux portes du Kremlin. D'ailleurs, celui-ci se trouvait à Pékin, d'importants accords énergétiques devaient être signés entre les deux géants russe et chinois. «positif» en cours au sujet des éventuelles sanctions contre les mollahs en cas d'échec des négociations avec les «Six» ? Après le «oui, mais» du président Medvedev, son chef de la diplomatie a insisté sur le fait que des sanctions contre l'Iran seraient contreproductives. De toute façon, l'heure des sanctions n'a pas encore sonné, a répondu Hillary Clinton, gardant espoir que la Russie change d'avis d'ici la fin de l'année. La patronne du département d'Etat US risque d'être déçue, le fait que Paris étudie avec un œil favorable la vente d'un navire de guerre à Moscou ne signifie pas la parfaite entente que l'Occident souhaite avoir avec la Russie. Du moins dans l'immédiat, la présence active de l'Otan dans les anciennes républiques soviétiques ne rassure toujours pas le tandem Poutine-Medvedev. S'il n'ira pas jusqu'à perdre son allié iranien, celui-ci fera-t-il de son mieux en ce qui concerne l'Afghanistan, histoire de prouver les bonnes intentions de Moscou quant à une coopération exemplaire Otan-Russie ? La patience de Barack Obama a elle aussi ses bornes à ne pas dépasser. Deux jours après avoir reçu son contesté prix Nobel de la paix et sans ébruiter la nouvelle, il a décidé d'envoyer 13 000 soldats supplémentaires en Afghanistan en plus des 21 000 prévus pour le renforcement des contingents présents sur place. Une aubaine pour ses adversaires républicains qui n'hésiteront pas à lui coller l'étiquette d'un va-t-en-guerre qui prendrait ses décisions sous les ailes ombrageuses d'une colombe. Pourtant, il a bel et bien affirmé que toute décision sur la nouvelle stratégie US en Afghanistan sera prise durant les semaines à venir ? Les mauvaises nouvelles du front, notamment au Pakistan, où les talibans défient ouvertement l'armée, auraient été derrière cette réaction rapide et secrète de sa part. Elle coïncide avec la décision de Gordon Brown d'envoyer 500 soldats de Sa Majesté. Avec cet important appui militaire, le prix Nobel de la paix tient-il de quoi gagner la guerre contre les talibans sans avoir recours à l'assistance russe ? Trop de réticences de la part de Moscou, en attendant le déterminant dossier iranien, pourraient déjà remettre en veilleuse la «bonne entente» américano-russe au-delà des affinités entre Obama et Medvedev.