La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, n'a pas eu besoin de rhétorique et de gros efforts de persuasion pour faire revenir son allié égyptien à de meilleurs sentiments, dans la foulée de la polémique sur le gel des colonies. Il lui a suffi d'un tête-à-tête agrémenté de quelques phrases à très forte charge sentimentale pour que son homologue, Ahmed Abou El Gheït, charmé, tombe dans ses bras… Mme Clinton, qui maîtrise décidément à la perfection l'art de dire une chose et son contraire selon la tribune, n'a pas été jusqu'à faire un dessin pour faire tourner la tête à l'Egypte. « Les Etats-Unis n'ont pas changé leur position concernant leur refus des activités de colonisation. » « Je peux assurer que notre objectif est de parvenir à un véritable Etat (palestinien), avec une vraie souveraineté », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue égyptien Ahmed Abou El Gheït. Et pour mieux faire passer la pilule, la secrétaire d'Etat américaine est allée jusqu'à assurer qu'« il n'y a de doute dans l'esprit de personne que la voie vers un Etat palestinien (...) doit inclure toutes les questions (...) et cela comprend celle de Jérusalem ». A la bonne heure ! On aurait dit une autre personne qui parlait, l'autre jour, depuis Abou Dhabi… Mais ces propos lénifiants semblent avoir suffi pour titiller l'ego des officiels égyptiens, faussement ombrageux. Preuve en est que M. El Gheït a immédiatement saisi la perche tendue par Mme Clinton en avalant son discours sur la nécessité de reprendre les négociations de paix sans condition. C'est-à-dire sans le gel des colonies, comme le réclame Israël ! « Nous devons nous concentrer sur l'objectif final plutôt que perdre du temps à exiger telle ou telle chose », a-t-il déclaré. L'exigence du gel de colonies est donc une « perte de temps » selon Le Caire… Meilleurs sentiments La secrétaire d'Etat américaine a donc brillamment réussi son examen de passage au Caire, avec les compliments de MM. Moubarak et El Gheït. Pourtant, elle n'a pas vraiment cédé sur ses déclarations antérieures qui avaient mis en boule les responsables égyptiens. Loin s'en faut. « Ce que nous avons reçu des Israéliens est sans précédent et constitue un mouvement positif (…) ce n'est pas ce que nous préférons », a-t-elle réitéré hier. « C'est comme pour les progrès faits par les Palestiniens en matière de sécurité », a ajouté Mme Clinton. Et de préciser : « Ma conviction personnelle est que rien ne doit affecter notre engagement et notre détermination à aller de l'avant. Il y a certes des obstacles, mais nous ne pouvons pas laisser quoi que ce soit nous dissuader. » La patronne du département d'Etat a donc obtenu le sauf-conduit de l'Egypte pour la feuille de route d'Israël, au grand dam de l'autorité palestinienne. « Si (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu continue de construire 3000 logements, exclut Jérusalem et les bâtiments publics, la relance des négociations est mort-née », a affirmé hier le négociateur palestinien Saëb Erakat à Ramallah, en Cisjordanie. Mais la priorité de Mme Clinton est la reprise illico presto des discussions et exit l'encombrant sujet des colonies. « En fin de compte, les discussions sur les colonies avanceront quand on entrera dans la négociation sur les frontières », a-t-elle déclaré à des journalistes. Autrement dit, que les Israéliens continuent à construire des colonies où bon leur semble, après on reparlera !